Sans la politique agricole commune (PAC), l’agriculture luxembourgeoise serait exsangue, souligne le ministre Fernand Etgen.
C’est l’un des plus anciens «bébés» de l’Union européenne : la politique agricole commune (PAC) a été inaugurée en 1962. Mais, précisait mercredi le ministre Fernand Etgen lors d’une conférence de presse, c’est en creusant jusqu’au traité de Rome de 1957, qui instaurait la libre circulation des produits à l’intérieur des frontières européennes, que l’on trouve les véritables racines de la PAC. En effet, «après des années de famine, les pays fondateurs avaient comme objectif de relancer l’économie, dont l’agriculture constituait l’élément le plus important, afin de fournir des denrées alimentaires en quantité suffisante à la population tout en assurant un revenu correct aux agriculteurs.»
Accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique, assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, stabiliser les marchés ou encore assurer des prix raisonnables aux consommateurs, sont autant de principes qui définissent les grandes lignes de la PAC.
L’agriculture est sans conteste le secteur économique dans lequel l’intégration communautaire a été la plus poussée. La PAC représentait à son lancement environ 66% du budget de l’Union européenne. Pour la période 2014-2020, elle ne compte plus que pour environ 40%. Car la PAC a bien sûr évolué au fil des ans pour s’adapter aux enjeux changeants des marchés agricoles.
La dernière réforme remonte à 2013, mais plusieurs bouleversements intervenus entretemps, comme la volatilité des prix et l’incertitude des marchés, et les engagements climatiques durables pris lors de la COP21, font que beaucoup réclament déjà une mise à jour de la PAC, alors que la prochaine réforme est prévue en 2020.
Sans PAC, adieu aux exploitations familiales
Fernand Etgen ne fait pas exception. «Il est primordial de renforcer la position des agriculteurs dans la chaîne de production et de consommation afin de tisser des liens de solidarité avec les citoyens», a-t-il déclaré. Il estime également qu’il est «indispensable de moderniser et de simplifier la réglementation afin de relégitimer la politique agricole commune».
Reste que le Brexit vient bouleverser la donne. Avec le départ du Royaume-Uni, c’est une enveloppe de trois milliards d’euros qui disparaît du budget de la PAC. «Je sais que ce chiffre est difficile à compenser, c’est pourquoi on insiste pour disposer d’un budget adéquat de la PAC.»
Il ajoute : «Il est évident que les États membres ont besoin d’une PAC forte dans un projet européen commun qui nécessite un budget à la hauteur de ses ambitions. Les replis nationaux n’ont pas leur place dans l’intégration européenne. Un PACexit ne constitue à mes yeux en aucun cas une alternative !»
Et de rappeler ce que doit le Grand-Duché à la PAC : «Il faut se rendre à l’évidence : sans PAC, il n’y aurait tout simplement plus d’exploitations agricoles familiales au Grand-Duché avec toutes les conséquences que cela aurait sur l’environnement et les paysages. Sans PAC, les marchés agricoles européens se dissiperaient dans la mondialisation croissante. Sans PAC, nos denrées alimentaires ne répondraient pas à des normes aussi élevées en termes de qualité et de sécurité.»
Romain Van Dyck