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Agriculture au Luxembourg : semer les bonnes pratiques


Pour le ministre de l'Agriculture, Romain Schneider, la société doit prendre conscience du travail réalisé et des coûts de production. (photo Claude Lenert)

L’agriculture a un rôle important à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les pistes pour l’y aider sont nombreuses.

L’agriculture est à la fois la victime, une des causes et une des solutions du changement climatique. Alors que ces effets se font de plus en plus sentir, à elle de revoir ses pratiques pour sauver le secteur. Des pistes applicables au Luxembourg ont été évoquées lundi à l’occasion de la présentation du bilan financier de 2018 de l’agriculture au Luxembourg.

Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’ont jamais été aussi élevées, selon l’Organisation météorologique mondiale. Ce qui signifie une aggravation des changements climatiques. L’humanité est responsable de cette hausse. Nos modes de vie et de consommation doivent être remis en question. Or, qui dit consommation, dit production. L’agriculture fait partie de cette chaîne. Bien qu’elle ne soit à l’origine que de 0,8% des émissions de gaz à effet de serre, sa contribution pour les limiter n’est pas à négliger.

Augmentation des gaz à effet de serre en lien avec l’agriculture

Au Luxembourg, les premiers signes du changement climatique sont perceptibles. Les températures ont augmenté de 1,3 °C à Luxembourg depuis 1838, première année de mesures météorologiques au Grand-Duché. Les jours de fortes pluies (plus de 11,7 mm par heure) ont également augmenté, passant de 15 à 18 jours par an. D’autre part, les sols s’assèchent plus rapidement. Tous les indicateurs sont dans le rouge, passer à l’action s’impose.

Le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote sont les trois gaz à effet de serre dont l’augmentation est la plus préoccupante. Des gaz produits, entre autres, par l’agriculture. Lundi, alors que le service d’économie rurale présentait le bilan financier de l’agriculture pour l’année 2018, il a été longuement question des mesures applicables au secteur pour limiter ces émissions. Si l’agriculture est à la fois une victime du réchauffement climatique, elle est également une partie du problème, mais aussi de la solution.

La réponse doit être collective

«Différents modèles de solution existent», indique Romain Schneider, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural. «Nous devons agir. Le potentiel du Luxembourg en ce sens est important, notamment le fait d’avoir des instruments qui nous permettent de réagir. Nous avons des élevages, des forêts et la moitié du territoire luxembourgeois est constitué de prairies. Ce sont trois éléments importants pour permettre à notre agriculture de se positionner.» Mais avant tout, cette prise de conscience et les actions qui en découleront devront être collectives. «Nous devons prendre conscience de la valeur des produits alimentaires. La société doit prendre conscience du travail réalisé et des coûts de production», poursuit le ministre. «Les consommateurs doivent respecter les aliments, arrêter de gaspiller. Si nous y parvenons en tant que société, nous serrons bien armés pour accompagner d’effets le plan et la loi climatique.»

La clé du sol

Les sols jouent un rôle essentiel dans la réduction des gaz à effet de serre. Hans-Martin Krause, de l’institut suisse de recherche de l’agriculture biologique, a indiqué lundi qu’outre leur rôle d’habitat et de production, les sols ont également un rôle de régulateur : «Ils peuvent à la fois être source des gaz à effet de serre et aider à les réduire.» Les sols peuvent stocker de grandes quantités de gaz carbonique grâce à des techniques de conservation des sols comme la rotation des cultures, des labours moins profonds ou leur couverture permanente. Mais ce n’est qu’un élément d’un ensemble d’actions allant du type de cultures plantées aux modes d’exploitations agricoles en passant par l’utilisation des sols et du territoire entre autres.

Différentes méthodes ont fait leurs preuves dans le cadre de pratiques d’élevage et de cultures non intensives. Hans-Martin Krause défend les méthodes d’agro-écologie. Un savant mélange de pratiques adaptables aux besoins de production ou de la situation géographique ou géologique comme la diminution de l’usage de produits phytosanitaires, la protection des sols pour qu’ils ne soient pas utilisés à des fins d’urbanisation, la biodiversité, le mélange des cultures, l’agroforesterie ou encore l’agriculture biologique. Il en a listé les principaux avantages lundi.

Encore faudra-t-il, pour que cette agriculture raisonnée puisse être efficace, revoir les modes de consommation de chacun. Aux agriculteurs désormais de choisir de préserver leur bien le plus précieux.

Sophie Kieffer

2018, une année fertile

Le secteur de l’agriculture et de la viticulture luxembourgeoises connaît une deuxième année d’embellie consécutive après des années de vaches maigres en 2015 et 2016. Les prévisions pour l’année en cours viennent confirmer cette tendance malgré la sécheresse des sols particulièrement défavorable à la récolte de maïs et aux pâturages. Le ministre Romain Schneider a annoncé une hausse possible de 2%.

Selon des chiffres récoltés par le service d’économie rurale auprès de 618 exploitations-tests, le secteur a clôturé l’année 2018 plus qu’honorablement avec un résultat de recettes ordinaires moyennes en hausse de 3% de 62 400 euros par entreprise contre 60 300 l’année précédente. Cette hausse s’explique par un marché particulièrement favorable et stable ainsi que par de bons prix de revient, des subsides dont certains versés rétroactivement (4 500 euros par exploitation), une hausse limitée (+3% des frais de matériel) et une stabilisation des coûts amortissables.

Seule ombre au tableau, une baisse de 67% du secteur de la valorisation des matières premières due à la baisse internationale des prix de la viande porcine. Les secteurs de la viticulture et de la production de lait restent très porteurs avec des recettes ordinaires moyennes de 99 400 et 85 800 euros par entreprise.