Le ministre de la Défense rétorque pour la première fois aux reproches formulés par le camp syndical concernant un supposé muselage de Christian Schleck. François Bausch est formel : le président du syndicat de l’armée s’est dit «d’accord avec la proposition» pour sa mutation en interne.
Qui dit vrai? L’affaire Schleck ne cesse de gonfler. Mardi matin, le syndicat de la force publique (SPFP) est revenu à la charge et a réclamé une nouvelle fois la démission du chef d’état-major, Alain Duschène. Contrairement à ce qui a été affirmé par le chef de l’armée et le ministre délégué à la Défense, Henri Kox, le président du syndicat de l’armée (SPAL) n’aurait jamais signé de document où il aurait donné son accord à une mutation en interne. Il a affirmé, ce mardi matin, avoir tout au plus signé un document dans lequel il a fait part de son opposition à cette mutation, mais en fin de compte il n’aurait pas eu d’autre choix que d’accepter le changement de poste pour éviter un «refus d’ordre».
Cette version des faits est contestée par le ministre de la Défense, François Bausch. Mardi matin, il a confié au Quotidien être «effrayé par le montage» fait par le camp syndical. «En principe, le dossier était clos en juin lorsque j’ai souligné devant la Chambre et en présence du chef d’état-major que les droits syndicaux sont à respecter et qu’une mutation ne peut se faire en raison d’un engagement syndical», rappelle François Bausch. Christian Schleck aurait même eu droit à un «traitement favorable» en raison des entretiens accordés en amont de sa mutation, qui serait uniquement liée au procédé normal au sein de l’armée.
La mutation n’est pas encore effective
«Il est vrai que M. Schleck s’est vu proposer par le chef d’état-major un premier poste au Herrenberg. Il n’y avait aucune obligation de l’accepter. D’autres propositions lui ont été soumises, dont un poste vacant à l’état-major. M. Schleck a marqué son accord à cette deuxième proposition», souligne le ministre, tout en défendant le chef d’état-major.
La mutation ne serait en outre pas encore effective. «Cela fait à peine deux jours que j’ai signé le nouvel organigramme de l’armée. La procédure vient donc seulement d’être déclenchée. Un refus motivé du poste proposé reste possible», précise François Bausch, avant de s’échauffer : «Il faut se poser la question de savoir où on en est arrivé au Luxembourg. Être syndicaliste et respecter les droits syndicaux ne doivent pas déboucher sur un choix à la carte de son poste. Il s’agit de deux paires de chaussures. Vendre cette mutation après coup comme sanction est très fort de café.»
Bisbilles en interne au SPAL
Le ministre de la Défense évoque aussi dans l’entretien accordé au Quotidien un autre point dans ce dossier. «Selon un mail qui vient de m’être transmis, le secrétaire général du SPAL, Jean-Claude Betz, aurait été présent à une réunion au mois de mai où la revendication d’une démission du chef d’état-major a une première fois été évoquée. Pourquoi donc attendre novembre avant de revendiquer cette démission publiquement?», s’interroge François Bausch. Jean-Claude Betz, pas d’accord avec la façon de procéder, aurait «subi des menaces» dans ce même mail, rédigé par un avocat.
Le chef d’état-major va partir à la retraite en octobre 2020
Il est un fait, que le chef d’état-major, Alain Duschène, a demandé à faire valoir ses droits à la retraite au 1er octobre 2020. La procédure de recrutement d’un nouveau chef pour l’armée est en cours. Comme le confirme François Bausch, un appel à candidatures a été lancé et des premiers postulants ont été reçus pour un entretien. «Je vais proposer le moment venu un nom au Conseil de gouvernement», précise le ministre de la Défense. «Est-il un hasard que le camp syndical vient de lancer les manœuvres à ce moment précis? Chacun pourra se faire sa propre image», conclut François Bausch.
Le ministre délégué à la Défense, Henri Kox, a été invité ce mardi par le Parti pirate à s’exprimer une nouvelle fois devant la Chambre des députés. Le dernier mot dans cette affaire n’est donc pas encore dit.
David Marques