La publication des coordonnées d’un journaliste dans un groupe Telegram réunissant des antivaccins met le député Roy Reding (ADR) dos au mur. Une action en justice reste envisagée.
La polémique ne cesse d’enfler. Les agissements et messages de Roy Reding sur les réseaux sociaux ont-ils contribué à aiguiser les tensions, voire la radicalisation, dans les groupes réunissant covid-sceptiques et antivaccins ? Et est-ce que les débordements survenus sont un résultat de ces prises de parole ? «Je n’y suis pour rien», clame le député de l’ADR.
Seule certitude : son comportement est de plus en plus fustigé, y compris par le président de la Chambre des députés, Fernand Etgen (lire l’encadré). Après un premier tweet venu «minimiser le covid» («Je pars maintenant en Afrique du Sud et vous ramène un doux Omicron, gratuit»), l’élu du Parti réformateur se retrouve également dans le viseur du Tageblatt et de l’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels (ALJP).
La cause ? Roy Reding a révélé dans un groupe Telegram, réunissant quelque 300 antivaccins (NëtgepicktLU2.0), les coordonnées professionnelles et privées d’un de nos confrères. Le journaliste avait contacté le député pour l’interroger sur son implication dans ce groupe. L’e-mail a été publié en intégralité sur Telegram, déclenchant une vague de haine envers notre confrère. Il s’est fait traiter d’«espion de la Gestapo», de «collaborateur (nazi)» ou encore de «marionnette du gouvernement». Sur son numéro privé, notre confrère a aussi reçu de nombreuses intimidations et une avalanche de messages conspirationnistes.
«Une tentative d’intimidation»
Le Tageblatt envisage une action en justice contre Roy Reding. Contacté lundi, le rédacteur en chef, Dhiraj Sabharwal, dénonce une «action infâme et dangereuse». «Indépendamment du volet juridique, la démarche de Roy Reding est inacceptable d’un point de vue politique et déontologique. Il s’agit clairement d’une tentative d’intimidation», reprend Dhiraj Sabharwal.
Dimanche, l’ALJP est montée à son tour au créneau pour «sévèrement condamner le comportement» du député. Un appel est lancé au camp politique de ne pas «cautionner de tels agissements». «Au vu des incidents lors de la manifestation de samedi, on a pu voir à quoi (ces attaques contre la presse) cela peut mener», conclut l’ALJP, qui soutient l’action en justice envisagée par le Tageblatt.
Roy Reding, la conscience tranquille
Également interrogé lundi par Le Quotidien, Roy Reding rejette toutes les critiques. Il «condamne» toutefois «les manifestations devant les domiciles de ministres» et «les envahissements des marchés de Noël». Par contre, il se dit «très content de voir 6 000 personnes manifester pour leur liberté et le libre choix». La police avait fait état de 2 000 participants. «On m’a rapporté le chiffre de 6 000 manifestants. Mais peu importe, il est important de souligner que la manifestation était légitime, en dépit de la présence inévitable de quelques casseurs. Les mesures sanitaires du gouvernement vont beaucoup trop loin. Un quart de la société est exclu de la vie sociétale.»
Pour ce qui est de l’incident avec le Tageblatt, Roy Reding affirme «avoir simplement rendu publique une demande officielle ainsi que (sa) réponse. Je ne savais pas si les numéros de téléphone étaient professionnels ou privés». L’élu de l’ADR affirme avoir la conscience tranquille et considère n’avoir commis aucune infraction.
Une décision sur le dépôt d’une plainte par le Tageblatt sera prise dans les jours à venir.
David Marques
Etgen défend la presse
L’ALJP a fait parvenir une lettre à la Chambre dans laquelle est dénoncé le comportement du député Roy Reding. Le président Fernand Etgen nous a confirmé, hier, que cette missive va figurer jeudi à l’ordre du jour d’une réunion de la conférence des présidents. Il est à rappeler, qu’à l’exception de l’ADR, toutes les fractions parlementaires (DP, LSAP, déi gréng, CSV déi Lénk, Parti pirate) ont déjà condamné les agissements récents de leur collègue député.
«Nous disposons dans notre pays d’une presse courageuse, qui grâce à son indépendance contribue fortement à ce que cette crise sanitaire ne se transforme en crise démocratique, souligne Fernand Etgen. Pour ces raisons, je continue à soutenir la presse, d’autant plus si elle est attaquée.»
Qui sème le vent récolte la tempête.
Un député doit rester digne en toutes conditions.
Ce dérapage nuit à l’image non seulement du député ,mais aussi de son parti.
Incomprehensible.