Quarante-trois acteurs culturels du pays ont signé un appel pour le « oui » au référendum sur le droit de vote des résidents étrangers. Nous publions leur texte ci-dessous :
« La Culture, c’est le partage de l’humain »
« Nos références culturelles sont internationales, dépassent les frontières. Depuis des siècles, différentes vagues migratoires ont fait le Luxembourg. Depuis des siècles, le Luxembourg est un pays multilingue et multiculturel, qui a pourtant pu préserver son unité et sa personnalité. Cette diversité doit devenir une force pour la démocratie et le dialogue culturel et politique et un moyen de construire une société inclusive.
Au Luxembourg, un grand nombre d’habitants n’ont pas la nationalité luxembourgeoise, mais paient leurs impôts, élèvent leurs enfants, participent à la vie culturelle, aux élections communales ou européennes, respectent les lois du pays et se sont durablement installées au Luxembourg. Pourtant, ils ne peuvent participer aux élections nationales qui déterminent en fin de compte les lois de notre pays.
Or, la citoyenneté n’est pas nécessairement liée à la nationalité. La citoyenneté comporte au fond des droits et des devoirs permettant de participer à la vie publique et politique. C’est, en particulier, l’égalité de droits et de devoirs, associée à la citoyenneté qui fonde le lien social.
Participer à la communauté politique, en démocratie, c’est reconnaître l’égalité entre tous les citoyens, c’est reconnaître leur diversité et leur liberté. Plus particulièrement dans un pays à fort pourcentage de non-nationaux, c’est accepter les règles du vivre-ensemble sans lesquelles il n’est pas de société vraiment démocratique.
Restreindre la citoyenneté à la nationalité revient à rester ancré dans une conception bornée à la seule souveraineté nationale. C’est nier une réalité qui est celle de la diversité, de la citoyenneté européenne, de la mondialisation, des migrations. L’idée que l’égalité de droit est tributaire de la nationalité est contraire aux principes démocratiques et à une interprétation généreuse des droits fondamentaux.
Les soussignés lancent un fervent appel pour la fraternité en amont du référendum sur le droit de vote des résidents étrangers. Nous pensons qu’il sera important d’accorder le droit de vote aux résidents étrangers pour les élections législatives.
Accorder ce droit nouveau n’enlèvera rien aux citoyens de nationalité luxembourgeoise. Cela ne nuira pas au pays, bien au contraire, le préservant des risques de fractures d’une société divisée entre une partie des habitants habilitée à choisir son destin politique et une partie condamnée à l’accepter malgré son apport productif et social.
Accorder le droit de vote aux résidents non-nationaux contribuerait aussi à valoriser l’image positive du pays, faisant en sorte, que le Luxembourg ne soit pas seulement identifié à l’étranger par des clichés péjoratifs, mais qu’il soit perçu comme un pays innovateur notamment en matière de citoyenneté. Que le Luxembourg se distingue par une particulière ouverture d’esprit et qu’il puisse devenir un modèle démocratique.
La solution en démocratie comme dans le domaine culturel, c’est le partage et la générosité. »
Ont signé cet appel :
Eugénie Anselin, Maxime Bender, Marc Binsfeld, Robert Brandy, Frank Feitler, Tullio Forgiarini, Fernand Fox, Claude Frisoni, Robert Garcia, Germaine Goetzinger, Patrick Hastert, Marja-Leena Junker, Anise Koltz, Beryl Koltz, Jo Kox, Marc Limpach, Claude Lahr, Carole Lorang, Charles Muller, Mani Muller, Myriam Muller, Philippe Noesen, Désirée Nosbusch, Jean Portante, Marc Reckinger, Nathalie Ronvaux, Donato Rotunno, Guy Rewenig, Leila Schaus, Luc Schiltz, Lambert Schlechter, Elise Schmit, Guy Schons, Pascal Schumacher, Jemp Schuster, Anne Simon, Nicolas Steil, Paul Thiltges, Ian de Toffoli, Serge Tonnar, Claude Waringo, Jules Werner, Lex Weyer.