Le Syndicat des médecins salariés hospitaliers voit quelques points positifs dans l’accord de coalition concernant la santé… mais aussi des éléments d’inquiétude.
Le Syndicat des médecins salariés hospitaliers (MSH ASBL) du Luxembourg a réagi hier à l’accord de coalition gouvernemental et plus particulièrement sur les chapitres «Santé», «Sécurité sociale» et «Enseignement supérieur et recherche».
Plusieurs points positifs ont dans un premier temps été soulignés. Le syndicat salue l’engagement du gouvernement de maintenir la médecine conventionnée, garantissant l’accessibilité des soins à l’ensemble de la population.
Il est également satisfait en voyant, dans l’accord de coalition, un engagement en faveur du développement des missions d’enseignement et de recherche médicale, contribuant à maintenir l’excellence des soins au Luxembourg et à renforcer l’attractivité du pays pour les professionnels de santé. Pour l’ASBL MSH, «la formation médicale continue obligatoire, avec certifications et contrôles réguliers, doit constituer une priorité pour le ministère de la Santé».
Le syndicat soutient aussi les efforts visant à numériser le secteur hospitalier, et en particulier à développer l’interopérabilité des solutions techniques entre les acteurs de la santé. Cette thématique est en bonne place dans l’accord de coalition.
L’idée du nouveau gouvernement d’établir un centre d’excellence médicale chargé notamment de l’évaluation indépendante des résultats médicaux des hôpitaux et de la fixation de normes nationales minimales est «louable et peut contribuer à renforcer la qualité des soins», selon le syndicat.
Cette démarche pourrait contribuer à poursuivre l’idée du «pas tout partout» et conduire à une centralisation de certaines spécialités médicales au niveau de services nationaux, favorisant ainsi la création de pôles d’excellence compétitifs sur la scène internationale, ajoute le texte des médecins salariés hospitaliers.
Gare au dérapage ambulatoire
Passé ces points positifs, il y en a d’autres qui suscitent beaucoup moins l’enthousiasme du syndicat. Le développement des soins ambulatoires en dehors des structures hospitalières préoccupe ainsi les médecins.
Ces derniers reconnaissent la nécessité de poursuivre l’effort du virage ambulatoire, mais ils sont inquiets de la volonté de «développer les soins ambulatoires en dehors de toute structure ou gouvernance hospitalière». Pour eux, la création de centres ambulatoires indépendants peut potentiellement entraîner des défis en termes de coordination des soins, de suivi des patients et de qualité des services, et constituer une concurrence déloyale pour les médecins hospitaliers.
Les membres du syndicat partagent aussi l’objectif louable de «décharger» les hôpitaux pour qu’ils puissent se concentrer sur la prise en charge des urgences graves et des pathologies complexes. Cependant, «il est impératif de reconnaître que cette transition nécessitera une modification profonde du financement de la médecine hospitalière, étant donné que la nomenclature actuelle ne reflète pas la complexité des pathologies graves», expliquent-ils.
Pour eux, il est essentiel d’éviter un exode des médecins hospitaliers vers des centres ambulatoires indépendants, qui pourraient devenir particulièrement attractifs sur le plan financier et en termes de qualité de vie professionnelle.
La volonté de développer la recherche et l’enseignement reste trop floue pour les médecins salariés hospitaliers. Ils notent avec inquiétude l’absence de projet à long terme pour développer un véritable centre hospitalier universitaire.
Cette absence de vision claire «risque de compromettre le développement de la recherche et de l’enseignement à un niveau international», selon eux. Ils encouragent l’établissement d’une véritable feuille de route pour pouvoir doter le Luxembourg d’un centre hospitalier universitaire à l’échelle 2045.
Le Syndicat des médecins salariés hospitaliers se dit prêt à travailler avec la nouvelle ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, et la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Stéphanie Obertin, pour trouver des solutions équilibrées et pérennes.