«Circulez, il n’y a rien à voir». C’est ainsi que l’on pourrait résumer la réponse du Premier ministre aux critiques formulées dans nos colonnes par les syndicats de journalistes au sujet de l’accès à l’information.
Le chef du gouvernement, qui est également ministre des Communications et des Médias, mise sur la future loi sur une «administration transparente et ouverte» pour trancher l’épineuse question de l’accès à l’information publique. Le texte reste cependant controversé au sein du Conseil de presse et auprès des journalistes.
La seule concession faite mercredi par Xavier Bettel à l’occasion de la réception de nouvel an pour la presse a été d’inscrire dans le nouveau texte une «formulation plus contraignante » en ce qui concerne le délai accordé aux administrations pour fournir l’information demandée. Pour le reste, le Premier ministre est resté assez évasif sur les critiques formulées mercredi dans nos colonnes par les différents syndicats de journalistes du pays.
La «circulaire Bettel» présentée il y a tout juste un an et qui était censée clarifier les relations entre la presse et les différentes administrations a, aux yeux d’un large nombre de journalistes, encore compliqué leur travail. Une des critiques principales concerne le verrouillage de l’information par les attachés de presse des différents ministères.
Renseignements pris auprès des ministères, Xavier Bettel s’est montré assez étonné mercredi matin des critiques. « Sur les trois dernières années, aucun journaliste ne m’a soumis de réclamation sérieuse concernant le refus d’une administration de communiquer une information », a ainsi rétorqué le ministre en charge des Médias. Il a également tenu à défendre les attachés de presse. « Ils ne sont pas là pour bloquer l’accès à l’information, pour l’orienter ou pour la filtrer. Mais ils sont là pour offrir un service supplémentaire », a souligné Xavier Bettel en estimant qu’une « mécompréhension » prévaut à ce niveau.
Soutien pour une «presse de qualité»
Les échos négatifs concernant sa circulaire, il les aurait plutôt eus de fonctionnaires qui, malgré l’impossibilité de livrer une information, se seraient vu obligés de la divulguer.
Désormais, le Premier ministre cherche son salut dans la future loi sur une «administration transparente et ouverte». « Elle viendra à coup sûr et constituera une amélioration essentielle par rapport à la législation actuelle qui ne prévoit aucun accès à l’information », a affirmé Xavier Bettel, quelques minutes après les critiques formulées par le président du Conseil de presse, Paul Peckels. Le dossier publié hier dans nos colonnes serait suffisamment parlant, a enchaîné Peckels tout en se disant dans l’attente des discussions à venir avec le ministre de tutelle pour affiner ce texte controversé.
Pour le Premier ministre, par contre, le texte constituera un pas de plus pour continuer à encourager le travail d’une « presse de qualité » dans un « contexte de plus en plus compliqué ». L’aide à la presse versée par l’État serait un autre élément pour encourager « le pluralisme et le travail des journalistes professionnels ». Ce même professionnalisme, reposant sur un code de déontologie – dont l’importance a été soulignée mercredi par Paul Peckels – devra aussi être de mise dans la presse en ligne, qui bénéficie désormais d’une aide spécifique. « Je continue à défendre le principe de l’aide étatique pour la presse », insiste Xavier Bettel tout en défendant son initiative pour mener un débat « sur une presse de qualité, forte et indépendante » à la Chambre.
Même s’il a fini par souhaiter une année 2017 moins agitée aux journalistes, les prochains mois ne vont pas être de tout repos pour le ministre en charge des Médias.
David Marques