L’assurance maladie-maternité (AMM) a été affectée par la pandémie mais ne s’en sort pas trop mal. Après avoir puisé dans ses confortables réserves, elle cherche à réduire les dépenses à l’avenir.
L’assurance maladie-maternité avait les reins suffisamment solides pour affronter la pandémie et elle est parvenue à financer toutes les mesures prises dans l’urgence par le gouvernement, comme le congé pour raisons familiales, la prise en charge totale des indemnités pour les arrêts maladie et dans une moindre mesure le congé pour soutien familial.
Néanmoins, comme le souligne le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, cette prise en charge ne correspond pas à son «cœur de métier». Il était prévu que l’État réserve dans son budget un remboursement de 386 millions d’euros à répartir sur quatre exercices, selon une loi votée à l’unanimité en décembre dernier (200 millions d’euros en 2020, puis 62 millions d’euros par an pour 2021 à 2023).
Comme il était question de gros sous, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a participé à la traditionnelle quadripartite Santé, jeudi à Mondorf-les-Bains, où l’heure était au bilan. Estimé à 250 millions, le coût du congé pour raisons familiales élargi se chiffre finalement à 238 millions d’euros pour 2020. Entre le 1er avril et le 30 juin derniers, l’assurance maladie a payé 132 millions d’indemnités pour incapacité de travail à partir du premier jour. Enfin, le congé pour soutien familial, nouvellement introduit, a atteint 350 000 euros (initialement estimé à 1 million d’euros pour 2020).
«Le congé pour raisons familiales et le soutien familial sont des mesures qui seront maintenues en 2021 et l’État prendra en charge les frais avancés», précise le ministre. Ce n’est qu’un premier bilan financier de la pandémie pour l’assurance maladie, qui malgré tout a limité la casse. Grâce à sa «bonne santé financière», comme le rappelle Romain Schneider, qui répète toujours à l’envi que «l’assurance maladie n’est pas une caisse d’épargne».
Si les chiffres sont plus mauvais que les habituels excédents des dernières années, le résultat ne fait pas perdre le sourire au ministre. En dépit de la participation financière de l’État (386 millions d’euros), l’AMM affiche un résultat opérationnel négatif de 12,4 millions d’euros. Un an plus tôt, il affichait un surplus de 102 millions d’euros au niveau des opérations courantes.
Un déficit qui se répétera
Pour expliquer cette progression des dépenses de l’ordre de 22 % pour atteindre 3,8 milliards d’euros, il faut retenir que les tests PCR sur ordonnance médicale, les frais hospitaliers supplémentaires et les dispenses pour les femmes enceintes font partie des postes qui ont explosé en 2020. «L’évolution des dépenses avait été de 7,9 % en 2019. Sans les mesures Covid-19 prises en charge par l’État, cette évolution aurait été de 9,3 % en 2020», précise le ministère de la Santé. Les recettes, qui ont malgré tout progressé de 5,5 % en 2020, n’auraient pas pu compenser l’évolution des dépenses.
L’histoire se répétera en 2021. Dans tous les cas, les recettes ne couvriront plus les dépenses courantes. Pour l’heure, le solde global cumulé passe donc de 971,3 millions d’euros en 2019 (31,3 % des dépenses courantes) à 958,9 millions d’euros en 2020 (25,4 % des dépenses courantes). Il diminuerait selon les estimations à 746 millions d’euros (hors participation étatique pour les mesures Covid-19), soit 20,4 % des dépenses, largement au-dessus de la limite de 10 % fixée dans le code de la sécurité sociale.
Tout cela n’a encore rien de trop dramatique pour Romain Schneider, peu impressionné par le déficit de 12 millions affiché lors de ce premier bilan financier Covid. Pour autant, les discussions ne sont pas terminées. À l’avenir, il va falloir réduire les coûts. Des pistes se dégagent déjà avec la proposition d’investir davantage dans la prévention.
La manière de soulager l’AMM des frais liés aux congés de maternité sont également en discussion. Ils atteindront les 20 millions d’euros en 2021, mais un nouveau mode de financement est à l’étude. Sur le budget du ministère de la Famille ?
Geneviève Montaigu
Du mieux pour les soins dentaires
L’AMM financera désormais des soins dentaires au niveau de la parodontologie, de l’endodontie, des implants, etc. C’était prévu, cela reste toujours d’actualité et une enveloppe de 10 à 12 millions d’euros est d’ores et déjà retenue pour prendre en compte ces améliorations.
Le dialogue se passe bien, selon le ministre, qui annonce une réunion la semaine prochaine pour aborder le sujet, avec le cercle des médecins-dentistes. De ce groupe de travail résultera le détail des mesures retenues qui seront présentées lors de la prochaine réunion du comité quadripartite en automne.