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À la santé de nos voisins

Le ministère du Développement durable et des Infrastructures a refusé catégoriquement de participer au financement de l’A31 bis, entre Thionville et la frontière (lire notre édition d’hier). Cela peut se comprendre, chaque État est souverain et devrait être en mesure de gérer ses propres problématiques.

Sauf que la nature des relations entre le Luxembourg et ses voisins se place dans un autre cadre. Dans un quartier résidentiel, il est logique de ne pas offrir une nouvelle voiture au voisin qui vient de mettre la sienne à la casse.

Chacun gère son budget de son côté, puisque chaque maison représente une entité indépendante.
Pour le Luxembourg et ses voisins, c’est différent. Il s’agit d’une relation organique. Comme à l’intérieur d’un corps vivant, il y a des flux et des reflux indispensables à la survie de l’ensemble. Tout est intimement lié et le dysfonctionnement d’une partie peut porter préjudice à l’ensemble.

Cette interconnexion pose donc la question du financement des infrastructures au-delà des frontières sous un autre angle. Le Luxembourg n’aurait-il pas intérêt à participer à l’amélioration des liaisons entre le domicile de ceux qui permettent de faire avancer son économie et le lieu de leur travail?

Pour sa propre santé, certainement. D’autant que les revendications des élus lorrains ne portent pas uniquement sur ce point. Ce qu’ils demandent en premier, c’est un engagement fort de la France à développer un axe dépassé depuis des années. Un appel qui n’est que partiellement entendu à Paris, là où tout se décide en la matière.

Prioritaire, oui, mais sans dégager d’argent pour le faire. Une autre question est de savoir si l’A31 bis résoudrait effectivement tous les problèmes de mobilité. La réponse est déjà connue : non, surtout si le rythme de croissance perdure.

Le plus important est – et sera – de parvenir à se poser les bonnes questions. Pour y parvenir, il faudra nécessairement faire tomber les préjugés un jour ou l’autre. Mais le plus tôt possible sera le mieux. Si l’on se rend compte un jour que tout le corps est malade, il sera déjà trop tard.

Erwan Nonet