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15 millions pour les réfugiés


À ce jour, 62 réfugiés sont hébergés chez des résidents grâce à l'entremise de l'initiative. (photo: le Quotidien)

L’Oeuvre nationale de secours Grande-Duchesse-Charlotte a dévoilé, jeudi, son plan d’aide de près de 15 millions d’euros destiné à l’intégration des réfugiés.

C’est une bonne nouvelle qui a été annoncée, jeudi, par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse-Charlotte : une enveloppe de 10 millions d’euros, ainsi que 5 millions supplémentaires uniquement pour les offices sociaux seront dédiés à un plan d’aide à l’accueil et à l’intégration des réfugiés à travers des projets d’associations locales. Ce budget a été débloqué grâce aux excédents accumulés depuis 15 à 20 ans, autant dire que pour l’Œuvre l’enjeu est de taille.

« Nous avons entamé une réflexion depuis plusieurs mois, en commençant par contacter le ministère de la Famille ainsi que l’OLAI (Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration), qui sont finalement très occupés par l’urgence de l’accueil. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur la deuxième phase, celle de l’intégration. Et comme c’est en décembre que se décident les budgets de l’année suivante pour les associations, il nous fallait agir vite », explique son président, Pierre Bley.

L’apprentissage des langues

Les domaines d’intervention des projets concerneront toutes les activités en vue de l’accompagnement et de l’intégration des réfugiés, comme l’apprentissage des langues luxembourgeoise, française et allemande ou encore l’hébergement des personnes concernées. Les offices sociaux et les associations sont invités à présenter, dans le cadre de cet appel, tous les autres projets d’intégration présentant une utilité particulière pour les personnes réfugiées et relevant de la région ou de la commune concernée en fonction des besoins spécifiques recensés. Et bonne nouvelle décidément, des rallonges pourront être possibles, au cas par cas. Si l’Œuvre a cassé la tirelire pour cette thématique exceptionnelle, elle garde quelques réserves pour la suite : « Nous avons une couverture au cas où la situation se prolongerai en 2017. Mais le travail est double : nous aidons les réfugiés à s’intégrer et à ce que les Luxembourgeois les acceptent d’autant plus », poursuit le président.

C’est la vision que partagent aussi les associations qui travaillent déjà sur cette thématique. Pour Laura Zuccoli de l’ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés), les réfugiés doivent être partie prenante de leur intégration : « Nous allons peut-être soumettre des projets qui nous permettent d’embaucher des réfugiés déjà établis qui forment et accueillent les nouveaux arrivants. Nous avons actuellement six projets avec des bénévoles, nous les préparons à être prêts. Nous planchons également sur une brochure en arabe, en collaboration avec les réfugiés, pour expliquer à l’arrivée les coutumes et les traditions du Luxembourg .»

Côté Croix-Rouge, on estime que le plus gros du travail d’urgence est fait : « Aujourd’hui l’État finance, mais nous sommes dans l’urgence alors que le gros de l’effort va se porter sur l’intégration de ces personnes. Il va falloir englober beaucoup d’acteurs qui ne sont pas forcément dans cette thématique, comme les clubs de sport, les milieux culturels, les parents d’élèves, car cela nous concerne tous. La société civile va devoir prendre le relais. Nous allons, bien sûr, contribuer, mais la Croix-Rouge arrive aux limites de sa mission. L’Agence du bénévolat va devenir le lieu de rencontre de toutes les bonnes volontés. Ceux qui veulent aider sont beaucoup à attendre, car l’OLAI est débordée, l’Agence du bénévolat va reprendre les rênes de sa hotline en 2016 », estime Marc Crochet, directeur général adjoint de la Croix-Rouge internationale Luxembourg et président de l’Agence du bénévolat.

L’Œuvre instituera un jury composé d’experts relevant tant du milieu institutionnel (OLAI, Entente des OS, Syvicol) que de la société civile (Croix-Rouge luxembourgeoise, Fondation Caritas, etc.) aux fins d’identifier les projets éligibles et de les apprécier par rapport à leur cohérence générale. Les projets interviendront utilement avant le 31 mai 2016 à l’Œuvre.

Audrey Somnard