Les critiques du chef de la diplomatie luxembourgeoise visant le gouvernement polonais ont provoqué une sèche riposte.
Jean Asselborn était lundi à Genève pour assister à la 34e session du Conseil des droits de l’homme. Dans son intervention, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères a souligné que «la force des droits de l’homme réside dans leur caractère universel, indivisible et inaliénable».
«Malheureusement, nous devons constater que, de plus en plus souvent, non seulement ces droits ne sont pas respectés, mais que même leur fondement institutionnel est menacé», a ajouté Jean Asselborn évoquant les attaques de plus en plus fréquentes de forces populistes et autoritaires contre les valeurs et les règles qui gouvernent la vie des collectivités nationales, de même que la vie internationale. «Nous constatons avec préoccupation que le discours mené par celles et ceux qui n’hésitent plus à remettre en cause les fondements de l’État de droit, est désormais toléré et même par endroits salué», a-t-il encore déploré.
Une «attaque» pour «stigmatiser»
La Pologne n’a pas été citée à proprement parler dans ce discours musclé. Cela a été différent samedi dans une interview accordée à nos confrères allemands du Tagesspiegel. Le ministre des Affaires étrangères avait notamment fustigé le fait que le gouvernement polonais empêchait le fonctionnement du système de la justice en Pologne.
Cette flopée d’accusations a fait bondir l’ambassadeur polonais en charge du Grand-Duché. Hier, Piotr Wojtczak a publié une lettre dans laquelle le diplomate reproche à Jean Asselborn de manquer d’«objectivisme» et évoque une «attaque ayant pour but de stigmatiser» la Pologne. L’attaque du ministre Asselborn aurait en outre pour but d’«injurier» Jaroslaw Kaczynski, président du parti Droit et Justice. «Il est certain qu’au-delà de cette intention, uniquement politiquement motivée, aucune justification pour accuser la Pologne de la violation de l’État de droit et de la démocratie ne peut exister», insiste l’ambassadeur polonais dans sa lettre.
Piotr Wojtczak a reproché à Jean Asselborn d’oublier que le gouvernement polonais a bien pour intention «la liquidation des pathologies accumulées au cours des dernières années» dans son système judiciaire. Les propos du chef de la diplomatie luxembourgeoise seraient donc «pour le moins surprenants».
Jean Asselborn est invité à mener une «discussion» avec les responsables polonais dans ce dossier.
D. M.