Bijoux, chèques-repas, argent… Au passage de la femme de ménage, il n’y avait pas que la poussière qui disparaissait.
Entre décembre 2017 et août 2018, une quadragénaire employée dans une société de nettoyage avait commis toute une série de vols. Sur ses lieux de travail où elle faisait le ménage, elle avait dérobé des bijoux avant tout, mais aussi de l’argent et des chèques-repas. On avait fini par lui tendre un guet-apens, un porte-monnaie rempli de chèques-repas. Cela n’avait pas raté. Elle s’en était emparée. Une plainte avait été déposée. Lors de la perquisition à son domicile, la police avait découvert une véritable caverne d’Ali Baba.
Elle n’en est pas à sa première affaire de vol. Mais de là à parler de cleptomanie, l’expert en neuropsychiatrie n’est pas d’accord. «Normalement les cleptomanes volent des choses qui n’ont aucune valeur matérielle, par exemple des chaussettes. Ils font aussi peu d’efforts pour ne pas être découverts…»
Le tribunal avait décidé de faire réaliser cette expertise après que l’avocat de la prévenue, Me Daniel Scheerer, avait versé plusieurs certificats d’un spécialiste qui pouvaient laisser conclure à une cleptomanie… À part un trouble dépressif, l’expert n’a toutefois rien détecté chez la prévenue, âgée aujourd’hui de 48 ans. Il ajoute : «La cleptomanie est une maladie rare. Seuls 1 % des voleurs seraient cleptomanes.»
Le fait qu’elle conservait son butin dans une boîte, avec les 200 euros tirés de la vente d’un bracelet volé, témoigne de son besoin de s’approprier des biens, argue la défense. Me Scheerer exprime ses doutes quant aux conclusions de l’expertise et sollicite donc une contre-expertise.
Le parquet requiert 18 mois et une amende
Le parquet ne partage pas ce point de vue. Il demande la condamnation de la voleuse qui a abusé de la confiance de son patron avec 18 mois de prison et une amende appropriée. Mais il ne s’oppose pas à ce qu’une partie de la peine soit assortie d’un sursis probatoire avec l’obligation de soigner son trouble dépressif. Jetant un coup d’œil dans son casier judiciaire, il considèrera : «Elle a déjà été condamnée à un an de prison ferme en 2015. Cela montre qu’elle n’a rien appris.» Mais la prison, elle n’en a visiblement jamais fait. C’est au bracelet électronique qu’elle a eu droit, apprendra la quadragénaire aux magistrats à la toute fin.
La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 29 avril. Au moment d’ordonner l’expertise, elle s’était déjà prononcée sur le volet civil. La société de nettoyage, qui a perdu un certain nombre de clients, s’est vu allouer 2 000 euros au titre du préjudice moral. Et une victime de vol : 3 615 euros.
Fabienne Armborst