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Voitures cambriolées à Remich : ses traces de sang le conduisent au tribunal


Extradé en novembre dernier depuis la France, le prévenu de 22 ans avait rendez-vous, mardi après-midi, devant le tribunal correctionnel. Aujourd'hui il dort à Schrassig. (Photo : Fabienne Armborst)

Début 2017, douze voitures avaient été cambriolées dans la petite ville au bord de la Moselle. Des bris de verre saisis ont livré un précieux indice à la police et permis d’identifier un jeune homme âgé aujourd’hui de 22 ans.

C’est un dossier où les traces de sang ont parlé. Dans la nuit du 6 au 7 janvier 2017, pas moins de douze véhicules garés à Remich avaient été fouillés. Dans certains, des objets avaient été dérobés, dans d’autres les dégâts se limitaient à une vitre cassée. Le modus operandi ne variait guère. Soit la fenêtre côté passager, soit la petite fenêtre triangulaire avait permis aux malfrats d’introduire un fil de fer afin d’ouvrir la portière par l’intérieur.

Dans les véhicules, la police n’avait pu récolter aucun indice. Les traces ADN sur un gant s’étaient avérées insuffisantes pour pouvoir être exploitées. Ce sont finalement les traces de sang sur des bris de verre entre deux voitures cambriolées qui ont permis aux enquêteurs d’identifier le jeune homme de 22 ans qui comparaissait mardi après-midi à la barre du tribunal correctionnel.

Une blessure et des trous de mémoire…

Si les résultats de l’expertise en disent long, le prévenu n’avait pas grand-chose à ajouter face aux juges. La blessure d’où proviennent les traces de sang, c’est à peu près tout ce dont il dit se souvenir aujourd’hui. Il se rappelle s’être blessé en cassant la vitre d’une voiture. Mais pas qu’il a fait cette nuit-là le tour du village avec l’ami chez qui il logeait et brisé les vitres de toute une série de véhicules pour y dérober des objets. «Je ne me rappelle pas, je n’étais pas conscient», a-t-il dit en évoquant son problème de drogue à l’époque.

La représentante du parquet, dans son réquisitoire, n’est pas du même avis : «Il ne se souvient plus à cause du grand nombre de faits.» Il n’y a pas que les douze faits à Remich dont on parle aujourd’hui. À l’époque il avait 19 ans. Mais son casier judiciaire renseigne déjà de multiples condamnations. Ça débute quand il est mineur et ça se poursuit quand il atteint l’âge adulte. Il jongle entre les vols qualifiés, simples et les faits de recel. Ce qui donne huit condamnations en France. C’est alors qu’il y était en prison qu’il a été extradé au Grand-Duché à l’automne dernier. De l’autre côté de la Moselle, en Allemagne, il semble aussi avoir fait de la prison pour vol à main armée.

«C’est quoi votre vrai nom?»

En tout cas, ses nombreux alias n’ont pas facilité la tâche du parquet dans ses recherches. Le président n’aura d’ailleurs pas manqué de tenter de clarifier ce point en début d’audience en demandant au prévenu: «C’est quoi votre vrai nom? On a plusieurs noms. Bilal L.? Et votre date de naissance?»

Pour la défense, impossible de relier la dizaine de faits sur la base des seules traces de sang retrouvées entre deux voitures. Au printemps 2017, la police avait été saisie d’une autre série de cambriolages, une trentaine au total, dans la région de Remich. Une série qui n’a toutefois pas pu être reliée au prévenu, soulèvera Me Denise Parisi. «À Luxembourg-Ville aussi, tous les jours, des voitures sont cambriolées», appuiera encore l’avocate arguant, par là qu’il y a plusieurs cambrioleurs qui courent. «À Luxembourg, c’est peut-être autre chose qu’à Remich…», interviendra le président.

Trois ans de prison requis

Pour le parquet, en tout cas, il n’y a pas de doute sur la culpabilité du jeune homme identifié par ses traces de sang. Il doit être reconnu coupable des douze faits : les sept vols consommés et les cinq tentatives. «Les faits ont eu lieu, toujours selon le même modus operandi, dans un rayon géographique d’un kilomètre entre la route de l’Europe, la route du Vin et l’esplanade.» «Tout était faisable à pied», ajoutera la parquetière, reprenant les mots de l’enquêteur. En raison de ses antécédents judiciaires, elle réclamera au final trois ans de prison contre le prévenu actuellement détenu à Schrassig. Et d’appuyer : «Il ne mérite aucun sursis.»

Deux victimes n’ayant pas été indemnisées par leur assurance se sont constituées parties civiles et demandent que le prévenu mette la main à la poche. La première victime n’avait pas de chance. Ses deux voitures garées l’une à côté de l’autre ont été prises pour cible. Mais seule une était assurée pour le bris de glace. Ce qui fait que pour la réparation de la Mazda, elle réclame 266 euros. Une autre victime, qui elle non plus n’était pas assurée pour le bris de glace, demande le remboursement de la facture pour le remplacement des deux vitres, soit 2746 euros.

La 16e chambre correctionnelle rendra son jugement le 8 mai

Fabienne Armborst