Une sexagénaire, poursuivie pour avoir séquestré, le 1er juin 2013, sa voisine d’immeuble à Mondorf, était appelée à comparaître en justice, mardi matin.
La prévenue B., âgée aujourd’hui de 65 ans, ne s’est pas présentée mardi matin devant les juges de la chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Il n’y avait pas non plus d’avocat pour assurer sa défense. C’était donc tout de suite au tour de la victime de décrire le calvaire qu’elle a vécu le 1er juin 2013 à Mondorf-les-Bains.
«En juillet 2012, j’ai encore reçu une carte postale, témoigne F., 77 ans, qui explique avoir été à l’époque une bonne amie de la prévenue. Ensuite quelque chose a dû se passer… Ses volets étaient toujours fermés.» La septuagénaire précise donc aux juges lui avoir écrit à plusieurs reprises.
Les faits reprochés à la prévenue remontent au 1er juin 2013. Ce jour-là, elle était sortie et avait demandé à F. de la suivre. «Je voulais voir comment allait le petit. Un garçon de 11 ans vivait avec elle.» Voilà pourquoi la victime explique être rentrée dans son appartement. Une fois à l’intérieur, F. indique avoir été séquestrée et avoir reçu de violents coups sur la tête. «Elle m’a dit que j’avais écrit de méchantes lettres.» Dans son témoignage ressortent aussi les menaces de mort. Ainsi, à seulement 1,50 mètre d’elle aurait été placé un couteau de cuisine sur la table.
Toujours selon la septuagénaire, la prévenue aurait dit au garçon présent dans la pièce au moment des faits : «C’est une de celles qui nous veulent du mal.» Avant de lancer à sa victime quelques instants plus tard : «Demain matin, tu ne vivras plus et moi non plus.» F. explique avoir essayé de sortir, mais sans succès. La porte d’entrée était fermée à clé et les volets baissés. Quant au verre d’eau qu’elle avait fini par recevoir, elle soulève : «Je n’ai pas osé le boire.»
Enfin, B. lui avait montré une photo de son père et lui avait fait comprendre qu’elle faisait partie des gens responsables de sa mort.
Les policiers appelés sur place par les voisins n’avaient pas pu accéder directement à l’appartement. B. ayant refusé de leur ouvrir, ils avaient donc fini par passer par la seule fenêtre dont les volets n’étaient pas entièrement baissés et par laquelle ils avaient pu apercevoir, quelques instants plus tôt, la victime appeler à l’aide. D’après l’agent de police qui a témoigné hier à la barre, le temps qu’ils entrent, B. s’était déjà retranchée dans une chambre. La police avait fini par lui enfiler des menottes.
«Regarde bien les visages, on va les avoir»
Comme cette dernière ne voulait toujours pas ouvrir la porte d’entrée, la sortie a été assez acrobatique. Il a fallu notamment enjamber la balustrade du balcon. Jusqu’à la voiture de police, la prévenue n’a pas cessé de se débattre et d’outrager les agents. «Elle m’a aussi mordu le bras. Cela saignait», a témoigné, hier, le policier qui réclame aujourd’hui 10 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral.
Après l’incident, l’actuelle prévenue avait été placée pendant un certain temps en psychiatrie, avant de pouvoir retourner chez elle. Même si d’après les témoins elle ne se montre pas, une certaine peur existe aujourd’hui parmi les voisins. Une autre voisine, également entendue hier à la barre, déclare ainsi avoir entendu la prévenue dire le 1er juin 2013 au garçon : «Regarde bien les visages, on va les avoir après.»
Selon l’enquête, F. n’a pas été la seule victime de la sexagénaire. Ainsi, une autre septuagénaire déclare avoir été menacée dans le garage le même après-midi : «Devant moi, elle a à plusieurs reprises appuyé sur l’accélérateur. J’avais peur qu’elle démarre.» Une autre dame, âgée aujourd’hui de 80 ans, quant à elle, avait affirmé devant la police avoir été strangulée à l’aide d’un torchon.
Le procès se poursuit ce mercredi après-midi avec l’audition de l’expert psychiatre.
Fabienne Armborst