Au printemps 2018, une septuagénaire avait été violemment tirée de son sommeil chez elle à Frisange. Les auteurs du home-jacking s’étaient enfuis avec l’argent de son coffre-fort. Trois hommes se sont retrouvés sur le banc des prévenus. La chambre criminelle a rendu vendredi son jugement.
Le 21 mars 2018, Constantin M. (32 ans) et Dietmar S. (46 ans) avaient volé près de 12 000 euros à une veuve à Frisange lors d’un home-jacking en pleine nuit. Sur le banc des prévenus les accompagnait un troisième homme, Roman L. (57 ans), poursuivi pour avoir été l’instigateur de cette expédition. Jusqu’au bout, le quinquagénaire avait contesté son rôle. Or pour le parquet, il était le seul lien entre le binôme et la victime. Car il connaissait bien la fille de cette dernière. Il était en couple avec elle dans les années 80 et ils avaient gardé contact par la suite. En témoignent les plus de 3 000 messages WhatsApp qui figurent au dossier. Conformément aux réquisitions du parquet, la 13e chambre criminelle l’a condamné, vendredi matin, à 12 ans de réclusion. Six ans de cette peine sont assortis du sursis.
Constantin M. et Dietmar S. écopent respectivement de huit et dix ans de prison ferme. À la différence de Roman L., ils ont un casier judiciaire en Allemagne. Un aménagement de peine n’était donc plus possible. Les juges ont toutefois considéré leurs aveux comme circonstances atténuantes. Identifié grâce à ses traces ADN sur divers objets sur les lieux du crime, Constantin M. avait en effet aidé à faire avancer l’enquête.
Roman L. avait embarqué Constantin M. et Dietmar S. en voiture à Frisange depuis la Sarre peu de temps avant les faits. Grâce à cette virée lors de laquelle il prétendait avoir voulu présenter ses condoléances à la veuve, le duo était donc au courant que la septuagénaire venait de perdre son mari mi-février et qu’elle vivait seule dans la maison.
Pieds et mains ligotés à 73 ans
La nuit des faits, la veuve de 73 ans, qui dormait sur le canapé dans le salon, avait été violemment tirée de son sommeil. À l’aide d’attache-câbles, le duo lui avait ligoté pieds et mains afin de s’emparer du contenu de son coffre-fort. Les juges ont retenu qu’il y a eu séquestration «pour faciliter la commission de l’infraction». Une fois le butin recherché en poche, le duo n’avait pas délié la victime. Il lui avait juste laissé un paquet de papier toilette pour que cela soit moins dur pour son mal de hanche… En rampant tant bien que mal, la septuagénaire avait finalement réussi à atteindre l’interrupteur de la porte du garage. Et en pyjama, elle avait rejoint le trottoir où deux voitures s’étaient arrêtées et avaient appelé le 113.
La victime, qui s’est constituée partie civile par le biais de Me Aline Godart, se voit allouer 10 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral et un peu plus de 3 500 euros au titre du préjudice matériel, soit la somme non remboursée par son assurance. Enfin, à l’assureur, le trio doit verser 8 749 euros.
Les trois hommes, qui dorment depuis leur extradition à Schrassig, ont 40 jours pour interjeter appel.
Fabienne Armborst