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Vente de stupéfiants : le prévenu conteste la transcription de son audition


Le prévenu ne se souvient plus avoir dit ce qui se trouve dans son PV d’audition et donne une autre version à la barre.

Le prévenu prétend ne pas avoir dit ce qui a été retenu dans son procès-verbal d’audition. Il a vendu de la drogue, mais pas autant. Parquet et juges se demandent quand il a menti.

Il pleuvait ce 17 mars dernier. La police autoroutière patrouillait sur l’A13 en direction de Pétange où circulait Noah, 20 ans. «Il avançait à 140 kilomètres par heure alors que la vitesse était limitée à 110», note le commissaire qui l’a interpellé après avoir invité Noah à quitter l’autoroute à Sanem.

«Quand il a descendu la vitre du véhicule, nous avons senti des effluves de marijuana. Nous lui avons demandé s’il était en possession de stupéfiants. Il a répondu que non. Quand nous lui avons dit que nous étions en droit de fouiller le véhicule, il a sorti une barquette de 500 grammes de haschisch de sous le siège conducteur.»

Le jeune homme, qui présentait un taux de 4,39 nanogrammes de THC par millilitre de sang, a été arrêté et présenté à un juge d’instruction dans la foulée.

Le parquet lui reproche d’avoir vendu des quantités indéterminées de stupéfiants depuis décembre 2023 dont au moins un kilogramme de haschisch et de marijuana importés de France, ainsi que le blanchiment de 2 200 euros au moins. Soit la valeur marchande du kilogramme de haschisch. Mais Noah conteste : il n’a jamais importé de stupéfiants et n’a jamais avoué au juge d’instruction avoir vendu deux fois 500 grammes de stupéfiants. «Je n’ai jamais dit cela.»

«Vous avez signé le procès-verbal d’audition qui vous a été relu. Ce que vous avez dit au juge d’instruction tient en douze lignes. Vous n’avez pas pu perdre la vision d’ensemble. Vous avez dû le dire, sinon cela n’aurait pas été acté», s’étonne le président de la 7ᵉ chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Sous-entendu, l’officier de police assermenté et le greffier du juge d’instruction n’ont pas pu commettre la même erreur. Pourtant, Noah s’obstine, rien de ce qu’il aurait avoué n’aurait été consigné correctement.

Il insiste et prétend avoir vendu des stupéfiants «une quinzaine de fois» et avoir été payé en contrepartie chaque semaine puis, dans un deuxième temps, avoir vendu «une quinzaine de fois en trois mois» pour le compte d’un certain Mowgli.

Ce Français croisé au Lenox Club à Luxembourg-Ville lui aurait vendu des stupéfiants pour sa propre consommation avant que Noah ne travaille pour lui. «Je ne connais pas son identité. J’avais affaire à des intermédiaires qui me livraient les stupéfiants dans le sud du pays», explique Noah.

«Je devais vendre les drogues pour lui. Il m’envoyait les adresses où me rendre et je livrais les commandes.» Des commandes de minimum 100 grammes de haschisch et 25 grammes de marijuana. En contrepartie, il aurait reçu «300, 400 euros par semaine, jamais plus de 1 000 euros. Des sommes indéterminées».

«Quelqu’un ment»

Quelque chose coince. Le calcul n’est pas bon. Le président et le procureur doutent de l’honnêteté du prévenu. Ils tentent de lui faire entendre raison. «Je me demande si vous n’avez pas vendu de plus grandes quantités», lance la représentante du parquet qui pense que les déclarations du jeune homme à la police et au juge d’instruction ne correspondaient pas tout à fait à la vérité. «Comment se fait-il que tout ce que vous ayez dit a été mal transcrit? Quelqu’un ment. Soit vous, soit le policier», constate le président.

La représentante du parquet ne croit pas que Mowgli ait avancé de «telles quantités de drogues» – les deux fois 500 grammes – à un quasi-inconnu rencontré en boîte de nuit sans contrepartie. Pour elle, ce n’était pas la première fois qu’il recevait la quantité remise aux policiers et il n’était pas seulement un «chauffeur» ou un livreur.

Le prévenu a le droit de ne pas s’incriminer lui-même, mais des aveux à la barre sont toujours appréciés par les juges. Noah, lui, jure qu’on ne l’y reprendra plus. Les cinq jours de détention préventive l’ont fait réfléchir, dit le bachelier dont l’avocate évoque une «erreur de jeunesse».

Elle risque de lui coûter cher. La représentante du ministère public a requis une peine d’emprisonnement de 15 mois et une interdiction de conduire de 18 mois à l’encontre du prévenu ainsi que la confiscation de la voiture qui a servi à commettre l’infraction.

L’avocate a demandé au tribunal de réduire au maximum la peine de prison ainsi que de ne pas prononcer d’interdiction de conduire et de confiscation. Son client souhaite pouvoir suivre une formation en alternance.

Le prononcé est fixé au 11 juillet.

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