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Une demande d’asile compromise


Marwan reconnaît un vol, mais pas l’autre. Il portait pourtant les vêtements qu’il avait volés la veille.

Marwan et Romeo n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils comparaissaient jeudi au tribunal d’arrondissement, l’un pour des vols simples et l’autre pour des vols avec effraction.

Marwan n’a pas peur d’insulter les mères des policiers qui l’ont interpellé, ni de menacer leurs fils de mort. À la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier, il joue les petits caïds face à une présidente qui ne s’en laisse pas compter parce qu’elle en a vu d’autres. Le jeune homme né en 2003 au Maroc est suspecté d’avoir commis deux vols les 8 et 9 février derniers dans le quartier Gare. Il aurait également fait usage d’une fausse identité pour se faire passer pour un mineur au moment des faits.

«J’étais au Luxembourg pour faire une demande d’asile, mais je n’ai trouvé personne pour m’aider», soutient le jeune homme. «Vous serez condamné et vous aurez un casier judiciaire. Cela vous prive de tout droit à l’asile», le prévient la présidente. Mais Marwan tient bon et demande «une chance» au tribunal. Le parquet a requis une peine de 12 mois de prison à son encontre et demandé à la chambre criminelle de ne pas retenir les insultes et menaces à l’égard des policiers étant donné qu’elles ont été prononcées dans le cadre de leurs fonctions.

Le 8 février, Marwan est accusé d’avoir volé un pull et une paire de chaussures dans un magasin de vêtements de l’avenue de la Gare à Luxembourg. Le lendemain, il est arrêté après avoir volé deux pots de crème cosmétique dans une pharmacie de la place de la Gare. Le jeune homme, déjà condamné en France à de la détention pour mineur pour des faits de vol, reconnaît le vol à la pharmacie – «c’était pour les revendre» –, mais nie énergiquement le vol de vêtements.

«Je les ai ramenés de Belgique. Un ami me les a donnés», se justifie le prévenu. Pourtant, la responsable du magasin a reconnu le jeune homme comme étant le voleur et les vêtements qu’il portait comme étant ceux qui lui avaient été volés. «Je ne comprends pas pourquoi la responsable du magasin m’a reconnu», s’étonne le prévenu qui s’attache à sa version des faits. «Il ne veut pas s’accuser pour des faits qu’il n’a pas commis», le défend son avocate qui demande au tribunal de ne pas retenir ce vol contre lui.

Quant à l’usage d’une fausse identité, «il s’est présenté à l’oral et a pu être mal compris», avance l’avocate. La présidente ne laisser rien passer : «Il a reconnu face au juge d’instruction avoir donné une fausse identité.» L’avocate souligne que Marwan est en détention préventive depuis les faits et qu’il peut encore avoir droit à un sursis étant donné qu’il n’a pas encore été condamné en tant qu’adulte. Il sera fixé sur son sort le 7 juillet.

Juste assez pour payer l’essence

Romeo, 26 ans, est roumain et spécialisé dans les vols avec effraction, bien qu’il ait prétendu le contraire à la barre hier. Le prévenu s’est fait prendre en flagrant délit par la police à Schrondweiler avec un complice. Les semelles de ses chaussures permettent de la relier à des cambriolages commis une semaine plus tôt, les 3 et 4 juillet 2020, à Rollingen et à Mersch. Des traces de l’ADN de son complice ont été retrouvées sur les lieux à Mersch.

Le prévenu dit avoir eu besoin d’argent, mais au final ne pas avoir vu la couleur du butin. «J’avais peur donc je n’ai pas fait grand-chose», tente Romeo. Son complice serait parti avec et il aurait juste eu une petite somme d’argent pour payer l’essence de sa voiture.

«Arrêtez, ce n’est pas la première fois que vous commettez un cambriolage !», lance la présidente incrédule, ses casiers judiciaires sous les yeux. Il a été condamné en Autriche et en Grande-Bretagne pour des faits similaires. Le prévenu dit s’être trouvé sur les lieux presque par hasard, mais n’avoir rien volé.

Des propos difficiles à croire. Le parquet ne le suit d’ailleurs pas. Son complice a avoué au juge d’instruction que Romeo était présent sur les lieux et qu’il se serait chargé de la revente du butin. Ils sonnaient aux portes des maisons pour vérifier si elles étaient occupées.

Quand c’était le cas, ils montraient une photo et disaient chercher la personne qui y était représentée. Dans le cas contraire, le mode opératoire était le même : ils passaient par la véranda. La représentante du ministère public a requis une peine de 30 mois de prison à son encontre. La même peine à laquelle son complice a été condamnée.

Son avocate, Me Lynn Frank, a demandé à ce qu’une peine d’une durée inférieure soit prononcée à l’encontre du prévenu afin de lui permettre de reprendre sa vie en main et de travailler. Elle met en avant, comme circonstances atténuantes, son jeune âge ainsi que le fait qu’il suive des cours en prison et ait facilement trouvé du travail à sa sortie de détention provisoire.

L’avocate annonce également que les condamnations dont il a écopé à l’étranger, bien que nombreuses, n’auraient été que minimes. Des peines d’amende et de courtes périodes de réclusion pour la plupart. Ces arguments amèneront-ils les juges à faire preuve de clémence ? La réponse, le 7 juillet, également.