Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Quand Robert téléphonait à ses anciens collègues, il y avait toujours de la musique de son côté du fil et de la peur de l’autre.
Robert est incapable d’expliquer pourquoi, pendant des années, il a occupé ses journées à passer des appels anonymes à ses anciens collègues, au point d’en rendre certains malades nerveusement. Ce retraité de 67 ans a été condamné hier par la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, à une peine de 9 mois de prison, assortie du sursis intégral, ainsi qu’à une amende de 3 000 euros. Au civil, il a été condamné à s’acquitter de mille euros de dommages et intérêts envers une des ses anciennes collègues.
Depuis avril 2014 et jusqu’à ce qu’il finisse par se lasser, Robert a passé des centaines d’appels anonymes diffusant uniquement de la musique. Terrorisés, deux collègues ont porté plainte pour harcèlement obsessionnel. «Au début, on n’entendait rien. La musique est arrivée quelques années plus tard», avait témoigné Lucien le 13 novembre dernier. Les appels étaient émis depuis «un numéro masqué, les lundis, mercredis et vendredis» jusqu’en janvier 2020.
En parallèle, une de ses collègues recevait le même type d’appel sur le répondeur de son bureau. Toujours le même morceau de Heintje, pendant une minute, jusqu’au mot «Mama».
Le répondeur ne raccrochait pas
A la barre, le retraité explique ne jamais avoir voulu faire de mal. «Comment ai-je pu traumatiser quelqu’un avec une chanson?»
Décrit par son avocat comme «une personne à part» qui a «une autre perception des choses», le retraité explique : «Je téléphonais sur le répondeur du service, pas à mon ancienne collègue. Quand j’appelais sur une ligne directe, on me raccrochait au nez.»
La représentante du parquet a requis une peine de 12 mois de prison et une amende à son encontre. Son avocat a, lui, réclamé l’acquittement pour l’affaire du répondeur, car «il ne visait pas une personne» en particulier, et une «simple amende» pour les multiples coups de téléphone à Lucien.
