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Un prof de salsa poursuivi pour viol sur ses élèves


Le prévenu aurait abusé sexuellement de deux mineures prenant des cours de danse avec lui. (illustration AFP)

Les faits reprochés à ce professeur de salsa remontent aux années 2005 et 2010. Mardi, le parquet a requis huit ans de réclusion contre le prévenu.

Le quadragénaire poursuivi pour viols et attentats à la pudeur sur deux de ses élèves mineures ne s’est pas présenté, mardi matin, à la barre. C’est donc par le biais des déclarations de l’expert en neuropsychiatrie et des enquêteurs de la police judiciaire que le passé du prévenu a été dévoilé. Originaire des Caraïbes, il s’installe au début des années 90 au Grand-Duché, où il rejoint sa femme luxembourgeoise de l’époque. Il enchaîne plusieurs petits boulots et donne des cours privés de salsa. Et il finit par fonder sa propre école de danse.

Les faits sur lesquels la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement se penche aujourd’hui concernent plus particulièrement les années 2005 et 2010. À l’époque, le prévenu aurait abusé sexuellement de deux mineures prenant des cours de danse avec lui. Des faits que le quadragénaire a toujours contestés. Que cela soit devant les enquêteurs de la section protection de la jeunesse de la police judiciaire ou devant l’expert psychiatre.

Les victimes n’avaient pas immédiatement porté plainte. C’est un peu par hasard que la première s’était confiée à une amie pendant les vacances. La plainte avait été déposée en 2012, soit sept ans après les faits reprochés. La deuxième victime, quant à elle, affirme avoir été violée par son professeur de danse en mai 2010. Mais son cas a seulement été signalé à la police judiciaire fin août 2011 par l’intermédiaire de ses proches. Lors de son audition vidéo, la mineure avait expliqué à l’enquêteur qu’un jour son professeur de danse lui avait demandé de venir danser la salsa pour assister un autre couple. Ensemble, ils avaient pris le train jusqu’à Arlon. Afin de s’échauffer, son professeur lui aurait demandé de «faire une danse plus intime». Or il aurait fini par vouloir l’embrasser. Elle se serait détournée, mais il aurait insisté et lui aurait ordonné de monter à l’étage où il l’avait en fin de compte violée. À l’enquêteur, la victime avait également confié que son professeur lui avait dit qu’elle n’avait pas le droit d’en parler, sinon il la tuerait. Quant au couple mentionné, elle ne l’aurait jamais rencontré.

«Gravité, perversité et absence de scrupules»

Selon la psychologue qui a rencontré la victime en 2012 «ce qu’elle dit correspond à la vérité». Le prévenu a également été examiné par un expert en neuropsychiatrie. «Il a parlé d’intrigues. Il est d’avis que des personnes se sont mises ensemble pour le dénigrer», a rapporté ce dernier, à la barre. Il estime que le quadragénaire ne souffre d’aucune pathologie psychiatrique, ni d’une abolition du discernement, ce qui signifie qu’il est pénalement responsable.

«Il semble avoir été un bon manipulateur», a ajouté l’enquêtrice de la police judiciaire. Du dossier, il ressort également qu’une partie des femmes ne sont plus revenues à l’école de danse malgré le fait qu’elles avaient déjà payé l’intégralité de leurs cours.

«On a l’impression que son école de danse est là pour qu’il puisse vivre une sexualité épanouie. Il l’a fait avec les femmes consentantes et celles qui l’étaient moins», a récapitulé le premier substitut Martine Wodelet dans son réquisitoire. Pour le parquet, il est clair que le prévenu a abusé de sa position en employant toujours un peu le même mode opératoire. «Il a feint un cours de danse pour être seul avec les femmes.» Les deux victimes ont été entendues, mardi à la barre, à huis clos. «Elles ont maintenu leurs déclarations», a soulevé la représentante du parquet.

Le parquet a fini par requérir huit ans de réclusion à l’encontre du quadragénaire. Parallèlement à la «gravité, la perversité et l’absence de scrupules», il retient la circonstance aggravante qu’au moment des faits, le quadragénaire avait l’autorité sur ses victimes. Enfin, le premier substitut a qualifié de «crapuleux» le fait qu’en 2010 sa victime était en couple avec son propre fils : «Le père a abusé de sa confiance.»

Actuellement, le casier judiciaire du prévenu est néant. En 1997, une enquête pour viol avait déjà été ouverte au Luxembourg contre lui. Il y avait aussi eu un renvoi, mais l’affaire n’a jamais fini à l’audience. Prononcé le 15 juin.

Fabienne Armborst