Deux sœurs racontent que leur vie aurait basculé quand Samba a emménagé au domicile familial à Dudelange. Menaces et conflits auraient été leur quotidien jusqu’à la menace de trop.
Samba aurait fait vivre un enfer à Mara et à sa petite sœur Cindy pendant les trois années qu’il a vécu au domicile de leur famille. «Il nous menaçait en permanence. Il disait qu’il avait caché des caméras dans la maison pour nous filmer et qu’il allait tuer Mara en faisant passer le meurtre pour un accident», a rapporté ce mercredi Cindy à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Il disait aussi qu’il allait découper ma sœur en morceaux. (…) Je ne dormais plus, je ne me sentais plus en sécurité à la maison», ajoute-t-elle.
«J’ai eu peur pour ma vie. J’ai voulu quitter la maison, mais il n’y aurait plus eu personne pour mes parents. C’étaient les pires années de ma vie», témoigne Mara, que la terreur psychologique que Samba aurait exercée sur la famille a poussé à faire une tentative de suicide, selon elle.
Samba, diplômé de mathématiques et d’économie, est entré dans la vie des deux jeunes filles en leur donnant des cours de rattrapage. En instance de divorce, le quadragénaire cherchait un logement. Nelly, la maman des deux jeunes filles, a accepté de l’accueillir à leur domicile. Un bail aurait été signé et une sorte de ménage à trois se serait alors formé.
La situation se serait dégradée. Il aurait menacé tout le monde en permanence et les disputes se seraient multipliées. «Notre avocate nous avait dit de ne pas insister si nous ne parvenions pas à le calmer et d’appeler la police. Maman était sous pression et papa n’était pas assez fort physiquement», explique Cindy. Les policiers auraient fini par lancer une procédure pour violences domestiques et Samba aurait quitté le domicile de la famille à Dudelange il y a un an. Il est actuellement en prison. Malade, il n’aurait pas été en mesure d’assister au procès ce mercredi.
«Il saignait du nez»
Samba devait répondre des infractions de menace d’attentat et de destruction de propriétés ou d’objets mobiliers. Le 6 juin 2020, il aurait brisé le smartphone de Mara après une énième dispute et le 28 juin 2020, il aurait passé la soirée à proférer des menaces contre Mara et sa sœur. La police est intervenue à deux reprises. Le 6 juin, il se serait mêlé d’une discussion entre Nelly et Mara. Selon son avocate, il voulait calmer le jeu entre la mère et la fille. Une dispute aurait suivi. Mara aurait menacé d’appeler la police. Il aurait voulu l’en empêcher et aurait voulu se saisir de son téléphone. La jeune fille n’aurait pas apprécié et l’aurait frappé. Il lui aurait alors arraché l’appareil des mains et l’aurait balancé au sol où il se serait brisé.
«Il saignait du nez quand je suis sortie de ma chambre après avoir entendu du bruit, se souvient Cindy. Je n’ai pas vu ce qui s’est passé.» Sa maman non plus et Mara dit qu’il n’est pas impossible qu’en en venant aux mains, elle ait pu lui donner un coup. Finalement, elle préviendra la police avec le téléphone de sa sœur et Samba fera de même de son côté. L’avocate du prévenu plaide la légitime défense et demande l’acquittement de Samba pour l’infraction de destruction de propriétés ou d’objets mobiliers.
Quant à ce qui s’est produit dans la soirée du 28 juin 2020, après avoir dénoncé une mauvaise retranscription d’un enregistrement audio réalisé par les filles par les policiers, l’avocate a argué que son client n’aurait pas été dans son état normal ce soir-là. Il souffrirait d’importants problèmes d’insomnie et il lui arriverait de mélanger alcool et Tramadol, un puissant antidouleur à base d’opioïdes. Elle cite les articles 71 et 71-1 du code pénal sur la responsabilité pénale et invoque une altération du discernement de Samba ce soir-là pour tenter de le disculper ou d’obtenir des circonstances atténuantes.
Le représentant du ministère public a rejeté les arguments de l’avocate. Samba aurait, selon lui, sciemment fracassé le téléphone pour éviter que la police ne soit prévenue et aucun élément au dossier ne permettrait de conclure à une altération du discernement du prévenu, jugé par défaut, le soir du 28 juin 2020. Samba ne serait pas un modèle de vertu. Il aurait quinze inscriptions à son casier judiciaires, dont une pour viol. Le magistrat a requis une peine de six mois de prison et une amende à son encontre.
Le prononcé est fixé au 19 octobre.
Sophie Kieffer