Deux jeunes hommes, tous les deux détenus, comparaissaient jeudi pour des vols qualifiés. Ils auraient cédé à l’illusion de l’argent facile pour améliorer leur quotidien.
Anderson, pas encore tout à fait 21 ans, a fait son entrée au tribunal entouré de trois policiers. Il aurait commis cinq faits de vol qualifié, dont un avec violence, en 2019 et 2021 avant que le parquet ne décide de mettre un terme à ses agissements. Le jeune homme aurait déjà été condamné à deux reprises pour le même type de faits en 2020 et 2021.
«J’étais en ville avec un ami pour voir un match de football. Il m’a demandé mon téléphone pour aller sur Snapchat. Je le lui ai donné. Il me l’a rendu, puis me l’a demandé à nouveau et a sorti un couteau. Il m’a demandé le code du téléphone », se souvient Lucas, 17 ans au moment des faits.
Le 29 novembre 2019, Anderson aurait volé son iPhone 8. « À l’époque, je fumais de la drogue. J’ai vu le petit garçon et je lui ai demandé le téléphone. Il ne voulait pas me le donner. J’ai sorti le couteau pour lui faire peur.»
Il s’agit du premier d’une «ribambelle de faits». Il a avoué hier s’être introduit pendant la nuit du 4 mars 2021, dans une pharmacie du quartier Gare à Luxembourg en passant par le panneau au-dessus de la porte d’entrée et d’avoir dérobé 620 euros. «J’étais en manque de drogue. Je n’avais pas d’argent et je cherchais à en trouver», s’est justifié le jeune homme à la barre de la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
Deux jours plus tard, il se serait introduit de la même façon à l’intérieur d’un salon de coiffure du quartier et aurait dérobé 2 200 euros et divers objets. Le 20 mars, il aurait pris 2 300 euros et divers objets dans un salon de coiffure à quelques rues du premier.
Le parquet aurait décidé de mettre un terme à ses escalades après que le 23 août 2021, Anderson se serait introduit – toujours de la même manière – dans une pizzeria de Pétange. Il y aurait vidé la caisse et pris les clés de la voiture de livraison pour s’enfuir à son bord avec deux amis.
Ils auraient fait un tour jusqu’en Belgique avant d’avoir un accident au retour et d’abandonner le véhicule laissant «là aussi son ADN», selon la représentante du parquet qui a demandé la jonction des affaires. Elle a estimé que le premier fait n’était pas un vol qualifié, mais une extorsion.
Elle a requis une peine de 30 mois de prison à son encontre, assortie d’une amende appropriée, mais ne s’est pas opposée à un sursis probatoire. «Le prévenu est extrêmement jeune et sa consommation de drogue est très grave. Une solution pour espérer ne pas le retrouver face à la justice tous les deux ou trois ans serait qu’il suive un traitement et un accompagnement psychosocial.»
Me Stroesser, qui assiste le jeune homme, a indiqué qu’il avait suivi le schéma classique d’un jeune en perte de repères. Il rejoint l’avis de la procureure quant à la possibilité d’un sursis probatoire et plaide en faveur d’une peine moins importante afin qu’il puisse reprendre ses cours et «obtenir un succès dans la vie».
«Des faits d’une banalité affligeante»
Andrei travaillait à Bruxelles quand il aurait perdu ses papiers d’identité. Sans le sou pour se payer un billet pour repartir en Roumanie pour refaire ses papiers, il se serait rendu au Luxembourg avec un acolyte pour commettre des cambriolages pour trouver de l’argent.
Le duo aurait perpétré au moins trois cambriolages : deux les 3 et 7 juillet 2020 à Rollingen et Mersch pour lesquels Andrei était jugé hier et un troisième le 10 juillet 2020 pour lequel le jeune homme de 27 ans a déjà été condamné. Il avait été pris la main dans le sac par la police et avait regagné la Roumanie une fois sa peine purgée.
Entretemps, les enquêteurs de la police ont fait le lien, notamment grâce à l’ADN, entre lui et les deux autres cambriolages. Il a été extradé et remis aux autorités luxembourgeoises le 19 novembre dernier. Il se serait lui-même livré à la police, aurait fait des aveux complets et aurait donné son complice.
Ils auraient volé pour plus de 47 500 euros de biens divers, notamment des bijoux, lors des deux cambriolages. Il s’agit du moins des sommes réclamées par les assurances des victimes qui se sont constituées parties civiles. L’avocat du prévenu a précisé qu’il était «parfaitement illusoire de croire qu’Andrei aura un jour les moyens de rembourser cette somme».
Le parquet a requis une peine de 24 mois de prison à son encontre pour vols qualifiés et blanchiment de la recette de ces vols, «des faits d’une banalité affligeante» avec «le butin habituel des cambrioleurs professionnels». Sa représentante a rappelé qu’il avait notamment été condamné à quatre ans de prison pour tentative de meurtre en 2016.
Son avocat a tenté de minimiser les faits en soulignant qu’il n’aurait pas fait obstruction à l’enquête et que son complice et lui n’auraient pas cambriolé les maisons en présence de leurs habitants pour leur «éviter le traumatisme du face-à-face». Il a plaidé la clémence du tribunal.
La 18e chambre correctionnelle rendra son jugement le 24 février.