L’un aurait volé une batterie de tracteur à Mersch, l’autre se serait fait passer pour son frère pour échapper à une sanction. Tous les deux se sont fait rattraper par la justice.
«Pourquoi avoir laissé vos excréments à cet endroit?»
Alexandre, 25 ans, en détention préventive à Schrassig pour une affaire de vol depuis le mois d’octobre, raconte être tombé en panne de voiture à Mersch. Originaire de Metz, il aurait eu ce jour-là l’intention de sortir à Luxembourg le jour des faits – entre le 9 et le 11 juillet 2020 –, mais se serait perdu en cours de route. «Je ne connais pas le Luxembourg», a-t-il répondu au président de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg qui s’était étonné que le prévenu se soit trouvé à Mersch s’il devait se rendre à Luxembourg depuis Metz.
La batterie de son véhicule aurait été à plat. Afin de pouvoir se rendre à son rendez-vous à temps, Alexandre aurait volé une batterie de tracteur chez un particulier. «Quand je tombe en panne de voiture, j’appelle l’Automobile Club. Je ne vole pas de batterie de tracteur», continue de s’étonner le président. «Pour rentrer en France, cela fait un peu loin et les trajets en dépanneuse coûtent cher», se justifie le prévenu dont la trace a pu être retrouvée grâce à des excréments qu’il avait laissés sur les lieux du vol dont il est suspecté.
«Pourquoi avoir laissé vos excréments à cet endroit?», demande le magistrat. «J’avais mal au ventre», a répondu le jeune homme, qui ne semble nullement impressionné par le tribunal. Et non sans raison : il aurait déjà été condamné à plusieurs reprises pour divers vols et escroqueries par les tribunaux de Metz, Nancy et Sarreguemines. Palmarès qui ferait de lui «un voleur professionnel», selon le président de la chambre correctionnelle.
«Si j’étais un voleur professionnel, je ne me trouverais pas devant vous aujourd’hui», minimise le prévenu. «Vous êtes un voleur professionnel, mais pas un bon», réplique le magistrat qui lui indique au passage que les inscriptions à son casier judiciaire ne lui laisseraient plus droit à un sursis. Ce à quoi le prévenu a lâché avec assurance : «Si vous le dites!».
Une attitude « irrespectueuse » qui n’a pas plu à la représentante du ministère public et qui, selon elle, émaillerait tout le dossier. Alexandre ne se remettrait pas en question. Elle a requis une peine de 9 mois de prison et une amende appropriée à son encontre. L’avocate du jeune homme avait plaidé la clémence étant donné sa situation personnelle compliquée.
Un frère peut en cacher un autre
Quelle n’a pas été la surprise de Pedro quand la police est venue l’interpeller chez lui en avril 2019 pour un crime qu’il jure ne pas avoir commis. Il avait été jugé par défaut pour le vol avec violence d’une bouteille d’alcool dans un supermarché luxembourgeois en novembre 2017.
L’homme se défend puis comprend : son frère, Celestino, a dû se faire passer pour lui. Ce ne serait pas la première fois que le jeune homme aurait utilisé ce stratagème. Une enquête est ouverte et Celestino est condamné pour faux, usage de faux et port de faux nom à de la prison avec sursis.
À l’époque des faits, Celestino était sans emploi, sans domicile fixe et consommateur de drogue et d’alcool. Quand il s’est fait arrêter par les vigiles du supermarché, il leur aurait présenté des papiers au nom de son frère. Celestino n’en serait pas à son coup d’essai. Trois des huit inscriptions à son casier judiciaire le sont pour des vols.
La supercherie ayant éclaté au grand jour, le jeune homme a été jugé hier matin face à la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour les faits de vol avec violence pour lesquels son frère avait été condamné à sa place. Le président de la chambre correctionnelle a mis le jeune homme en garde : à force de condamnations, il grillerait une à une ses chances d’obtenir des aménagements de peine ou du sursis.
La représentante du ministère public a requis une peine de 18 mois de prison et une amende appropriée. Elle s’est rapportée à prudence du tribunal pour un sursis éventuel.
Les deux prononcés sont fixés au 27 janvier 2022.
Sophie Kieffer