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Trafic de drogue via Snapchat : six ans ferme pour le « chef de file »


Depuis la Thaïlande via Snapchat, ce «chef de file» aurait coordonné le trafic de drogue. (illustration AP)

Pour avoir organisé un important trafic de drogue via Snapchat, trois amis d’enfance ont été condamnés jeudi à des peines de prison de trois à six ans.

C’est une affaire pour laquelle le SREC Esch avait déployé les grands moyens : observations, écoutes, repérages téléphoniques… Et puis il y avait eu les données Snapchat obtenues par le FBI via une commission rogatoire internationale (CRI) aux États-Unis. Les autorités luxembourgeoises avaient pu récupérer une petite partie (2 627) de ces messages échangés entre les protagonistes. Ainsi, dans une discussion le 24 mars 2017 entre Michel H. et Yan B apparaissent les chiffres 13 100 et 21 300 suivis du mot «Hollänner» (Néerlandais).

Tant les observations, les écoutes téléphoniques que le mouchard placé sous une Renault Clio auraient permis de retracer les rôles bien précis des trois protagonistes dans cette affaire, avait estimé la représentante du parquet dans son réquisitoire : Michel H. aurait été le «cerveau de la bande». Depuis la Thaïlande via Snapchat, ce «chef de file» aurait coordonné le trafic de drogue. Même s’il n’aurait participé à aucune remise sur le terrain, c’est lui qui aurait eu le contact avec les fournisseurs.

Yan B., quant à lui, aurait importé la marchandise depuis Villerupt (F) ou Guerlange (B) et aurait approvisionné certains clients. Enfin, Ronny M. aurait fourni le «camp de base». Car c’est chez lui à Fingig qu’aurait été proportionnée et vendue une partie de la marchandise. «On a l’impression que chez vous à Fingig c’était un drive-in où les gens faisaient la queue en voiture pour venir acheter de la marijuana», avait ainsi remarqué le président lors du procès.

Fin avril 2017, Yan B. et Ronny M. avaient finalement pu être interpellés. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international (MAI), Michel H. avait été arrêté fin septembre 2017 à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles. Lors de leurs plaidoiries, les avocats des trois jeunes prévenus avaient tenté de minimiser l’ampleur du trafic de drogue : «Ce sont trois amis d’enfance qui venaient du même village. C’est normal qu’ils aient traîné souvent ensemble, qu’ils aient communiqué via l’application mobile Snapchat… Mais chacune de leurs relations ne peut être interprétée comme ayant servi au trafic de drogue.» Pour la défense, il n’y avait pas suffisamment d’éléments pour retenir la circonstance aggravante de l’association de malfaiteurs.

L’association de malfaiteurs retenue

La représentante du parquet avait toutefois une autre lecture du dossier. Les trois jeunes auraient bien travaillé ensemble pour ce trafic de drogue. Un trafic dans lequel Michel H. aurait tiré les ficelles après avoir recruté ses deux amis d’enfance. Conformément aux réquisitions du parquet, la 12e chambre correctionnelle a retenu la circonstance aggravante de l’association de malfaiteurs. Les peines de prison prononcées jeudi matin restent toutefois en dessous des peines requises.

Michel H. (25 ans), contre lequel huit ans avaient été requis, écope de six ans de prison ferme et d’une amende de 5 000 euros. À cela s’ajoute une interdiction de conduire de 18 mois parce qu’il avait conduit sans permis de conduire valable. Ses acolytes Yan B. (24 ans) et Ronny M. (27 ans), quant à eux, sont condamnés à trois ans de prison, dont deux ans avec sursis, et 1 000 euros d’amende. Six ans avaient été requis à leur encontre. Enfin, le tribunal a ordonné la confiscation de plusieurs objets ayant servi à commettre les infractions, dont la Renault Clio. Il s’agit de la voiture de la mère de l’un des deux acolytes. Ils s’en servaient pour aller récupérer la marchandise.

«Six ans de prison ferme, cela reste une peine conséquente», a réagi Me Denise Parisi à la sortie de l’audience, jeudi. L’avocate du principal prévenu attend de lire la motivation exacte du jugement pour voir s’ils feront appel. À la différence des deux autres, son client n’a pu bénéficier d’aucun aménagement de peine. Il n’en est pas à sa première affaire de trafic de drogue. Lors d’une condamnation précédente, il avait bénéficié d’un sursis.

Fabienne Armborst