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Trafic de drogue à Esch : un an de prison ferme pour la cafetière


Le 16 octobre 2018, quelque 130 policiers avaient participé à cette action «coup-de-poing» dans l'avenue de la Gare et dans les rues adjacentes à Esch.(Photo : archives lq/Julien Garroy)

Poursuivie pour avoir offert une vraie plateforme au trafic de drogue à Esch, la gérante du café «Chez Nadia» a été condamné, ce jeudi, à quatre ans de prison, dont trois avec sursis, et une amende de 10000 euros. Le tribunal a également ordonné la fermeture définitive de l’établissement.

C’est une véritable opération coup-de-poing que la police grand-ducale avait menée le 16 octobre 2018 en fin d’après-midi dans le milieu des trafiquants de stupéfiants. Pas moins de 130 policiers avaient investi le quartier autour du café «Chez Nadia» et du café «Do Brasil», à Esch-sur-Alzette. Lors de cette descente spectaculaire, une vingtaine de personnes avaient pu être arrêtées.

Un peu plus d’un an plus tard, 14 hommes d’origines nigériane et cap-verdienne, âgés de 18 à 34 ans, se sont retrouvés devant le tribunal pour trafic de stupéfiants. Sur le banc des prévenus, ils étaient accompagnés de la gérante du café «Chez Nadia» (43 ans). Le parquet lui reprochait d’avoir offert avec son établissement une «vraie plateforme» pour le trafic de drogue (cocaïne et marijuana).

Entre un et trois ans de prison pour 14 dealers

Cinq ans de prison et une amende avaient été requis à son encontre. Au final, elle écope d’une amende de 10 000 euros et de quatre ans de prison. Trois ans de cette peine sont assortis du sursis. Conformément aux réquisitions du parquet, la 16e chambre correctionnelle a également ordonné, jeudi après-midi, la fermeture définitive de l’établissement. Enfin, elle est interdite d’exploiter un café pendant la durée de dix ans. Les 14 dealers, contre qui entre 24 et 54 mois avaient été requis, ont été condamnés à des peines allant de un an à trois ans de prison ferme. Certains bénéficient d’un sursis partiel. Seuls neuf des dealers avaient trouvé le chemin du tribunal pour le procès.

Durant trois semaines à l’automne 2018, la police avait observé le va-et-vient de dealers avenue de la Gare et aux alentours, à Esch. Une centaine de transactions (cocaïne, haschisch et marijuana) avaient pu être comptabilisées et quelque 70 clients identifiés avant qu’elle ne passe à l’action.

La gérante du café contestait toutefois avoir été au courant de ce trafic : «Je ne peux contrôler s’il y a des ventes à l’extérieur du café. À l’intérieur, il y a peut-être eu des transactions que je n’ai pas vues.» À la barre, la quadragénaire s’était encore défendue : «Mon café tourne grâce aux boissons et à l’alcool. J’ai la cave pleine de vidanges vides chaque semaine.»

Le parquet était convaincu qu’elle «ne pouvait ignorer ce qui se passait à l’intérieur et à l’extérieur de son café. En tant que fumeuse, elle s’installait de temps en temps en terrasse.» Elle serait plus qu’une simple spectatrice et, donc, «complice» des vendeurs de drogue.

«Sang-froid» et «perfidie»

Dans son réquisitoire, son représentant avait encore soulevé le «sang-froid» et la «perfidie» de la prévenue. Deux articles de presse dans lesquels elle se plaignait de la situation autour de son café ne lui avaient pas échappé. «Elle-même et son café sont à la source de cette misère. Mais elle ne manque pas de culot pour se présenter comme victime dans cette affaire!»

À entendre l’enquêteur, après les arrestations fin 2018, pas grand-chose n’a changé. D’autres procès-verbaux ont été dressés depuis aux alentours immédiats du café. Pour la petite histoire, l’un des prévenus convoqués au tribunal et absent au procès avait fait l’objet d’un contrôle d’identité au café mardi 10 décembre vers 15 h, soit à l’heure de l’audience. «Ça montre que les gens continuent de le fréquenter», avait constaté le parquetier. Et le président d’ajouter : «On aurait dû tenir audience au café « Chez Nadia »!»

Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel contre le jugement.

Fabienne Armborst