L’homme, âgé d’une quarantaine d’années, n’a pas aimé que sa toute jeune conjointe le quitte. La victime l’accuse aussi de violences.
La relation a duré trois ans. La jeune femme est partie. Et sa décision lui a valu une rafale de 3 800 appels et SMS, pas tendres, en 15 jours. Elle a déposé plainte en janvier 2020. Elle en profitera pour dénoncer des années de violences. Elle raconte les gifles, les coups de poing, les coups de pied nourris d’insultes, de menaces de mort. Un certificat médical atteste d’un hématome ancien sur son corps et d’un stress psychologique.
Elle évoque également des violences économiques. Son conjoint ne voulait pas qu’elle travaille. Et lorsqu’elle a fini par imposer un petit boulot, il lui confisquait son argent. Le couple vivait dans les environs de Richemont. L’homme qu’elle accuse a été jugé une première fois en juillet 2021. Mais il était absent. A priori, ni sa convocation ni le jugement ne lui ont été correctement notifiés. Le prévenu a fait opposition, comme la loi l’autorise. Un nouveau procès s’est donc tenu mardi devant le tribunal correctionnel de Thionville.
«J’étais sa bonniche»
Il reconnaît une seule gifle et s’excuse pour le déversement d’appels et de messages malveillants. «Je suis prêt à payer ce qu’elle demande», marmonne-t-il. La victime l’écoute, affligée, avant de prendre la parole à son tour. «Je l’ai connu à 17 ans, je voulais quitter ma famille d’accueil», commence-t-elle. «J’étais sa bonniche. (…) Je l’ai quitté parce que j’en avais marre d’être battue», maintient-elle.
La jeune femme a aujourd’hui 23 ans. Elle est maman d’une petite fille. Elle a refait sa vie. Son ex, âgé d’une quarantaine d’années, est forain. Voilà qui justifierait, selon lui, son penchant pour l’autorité patriarcale. De quoi faire bondir le substitut du procureur. Le magistrat remet les pendules à l’heure, place le prévenu face à ses contradictions. Il cite son casier judiciaire et rappelle notamment qu’il a été condamné en 2014 pour des violences commises sur son enfant, sous son autorité lui aussi.
La défense estime que «le dossier ne contient pas d’éléments matériels tangibles» pour condamner son client sur une si longue période, pour trois années de violences. Me Lallement-Hurlin en appelle à la prudence du juge. Ce dernier est toutefois reconnu coupable. Il écope de 18 mois de prison, dont dix mois ferme, aménageables par le juge d’application des peines. Les huit mois avec sursis sont soumis à une interdiction de contact avec son ex pendant deux ans. Le tribunal le condamne à effectuer un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales et lui ordonne l’interdiction de porter une arme durant cinq ans. Enfin, le prévenu devra verser 1 500 euros de dommages et intérêts à la victime.