THIONVILLE Père et fils ont été jugés après avoir été interceptés sur l’A31… et ils ne sont pas près de rentrer en Pologne.
L’Union européenne prévoit la libre circulation des biens et des personnes. «Mais il y a des garde-fous en matière de circulation des capitaux», rappelle l’agent des douanes. Toute personne qui transporte plus de 10 000 euros en liquide (sans plafond) doit déclarer cette somme. «Il s’agit d’une formalité obligatoire, prévue dans le règlement communautaire.»
Père et fils ont zappé cette partie. Ils sont contrôlés le mercredi 3 avril sur l’A31, à hauteur de Thionville.
Les douanes trouvent 9 000 euros sur le père, 800 euros sur le fils. Et 134 000 euros en petites coupures dans le coffre de la Mercedes…
Les deux hommes, d’origine arménienne, vivent en Pologne. Ils expliquent qu’ils sont venus en France pour acheter des voitures. Comme ils n’ont rien trouvé à Verdun, ils partaient pour Berlin. Les déclarations sont confuses et imprécises. «Je voulais rapporter les voitures en Pologne et les revendre», répète le fils par la voix d’une interprète. Face au tribunal de Thionville, il ajoute que l’argent lui a été remis par son frère et un ami, dont il ne connaît que le prénom.
«Vous saviez, Monsieur, qu’il fallait déclarer une telle somme…», s’agace la présidente. Le jeune homme a déjà fait l’objet d’un contrôle des douanes en 2016. La somme transportée était moindre (36 700 euros) et ils étaient trois hommes à bord de la voiture. L’affaire s’était réglée par une amende.
Deux ans de prison ferme
«On doit leur rappeler qu’il y a des règles dans notre pays», concède l’avocat du fils. Il présente son client comme un jeune homme ambitieux (juriste dans un cabinet d’avocats en Pologne…), qui gagne bien sa vie. «L’argent liquide? C’était uniquement pour faciliter les achats», défend-il.
L’avocat du père plaide carrément la relaxe. Le sexagénaire, mutique le temps de l’audience, prétend qu’il n’était pas dans le coup. Qu’il accompagnait son fils, car il aime la France. «Et rien ne lui interdit d’avoir 9 000 euros sur lui», remarque son conseil.
La procureure de Thionville estime qu’il s’agit bien d’une affaire de blanchiment d’argent, car aucune justification n’accompagne ce transfert, dissimulé dans des sachets.
Le tribunal a suivi ses réquisitions. Karen (le fils) et Garnik (le père) Khanzadyan écopent chacun de deux ans de prison. Une peine qu’ils effectueront sur-le-champ. À leur sortie, ils seront sous le coup d’une interdiction de se présenter sur le territoire français pendant cinq ans. L’argent, lui, a été confisqué. Les prévenus devront aussi s’acquitter, solidairement, d’une amende douanière de 71 537 euros (soit 50% de la somme découverte, comme le prévoient les textes).
F. T./RL