Un Thionvillois a été condamné à 5 ans de prison pour des faits de nature terroriste. En contact avec d’autres Mosellans partis en Syrie, il les encourageait à mourir en martyr. Après avoir fait allégeance à l’État islamique, il avait envisagé de les rejoindre.
La 16e chambre correctionnelle de Paris a jugé, il y a quelques jours, Samih-Eroh Guerrouj pour participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste. Petit délinquant de quartier dans sa jeunesse, connu de la justice thionvilloise pour des faits de violence et d’autres liés aux stupéfiants, le Mosellan a fait allégeance en 2014 à Abou Bakr Al-Baghdadi, chef de Daech.
Samih-Eroh Guerrouj a été condamné à cinq ans de prison. Ce dossier n’est pas seulement son histoire : il éclaire aussi sur un groupe de jeunes Thionvillois partis en Syrie faire le djihad.
Samih-Eroh Guerrouj, 34 ans, est apparu dans les radars de l’antiterrorisme au détour d’un renseignement sur un autre Thionvillois. En 2015, Lahcen Zligui cherche à quitter le théâtre de guerre syrien et à revenir en France. Ce nom n’est pas inconnu : Omar Zligui, son frère, a rejoint dès 2012 le Jabhat Al-Nosra (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) puis l’État islamique (EI). Il serait décédé lors d’un bombardement dans la région d’Alep.
Interpellé à son arrivée en France en juillet 2015, Lahcen Zligui livre aux services de renseignements des informations précieuses sur Guerrouj, connu sous le nom d’Abou Hafsa, qui aurait joué un rôle important dans sa radicalisation, comme dans celle de trois autres Mosellans. Ensemble, ils avaient regardé des vidéos de propagande de l’État islamique et avaient envisagé d’aller en Syrie. Lahcen Zligui reviendra plus tard sur ses aveux.
Sur une vidéo, un bourreau parle des attentats parisiens
Mais l’exploitation de la téléphonie et certaines communications prouvent l’intérêt porté par Abou Hafsa à ses compagnons thionvillois se trouvant désormais dans les rangs de l’EI. En mai 2015, il met en condition un jeune Mosellan : «Moi, ce que je demande tout le temps, c’est qu’Allah te fasse connaître la science et qu’il t’élève en science, tu deviens savant et après qu’il te donne la mort en martyr.» Mourir en martyr est «une belle mort», assure-t-il devant les renseignements.
Guerrouj est interpellé le 2 février 2016, à Marseille où il vit depuis peu. L’exploitation de différents supports numériques confirme son adhésion aux thèses djihadistes. Son compte Facebook a été fermé plusieurs fois. Dans une tablette, les enquêteurs trouvent plusieurs photos de l’intéressé en tenue islamique avec une arme de poing, ou un sabre. Dans un téléphone, une vidéo met en scène une exécution de prisonniers en Irak. Le bourreau profère des menaces en français et évoque les attentats de Paris.
Trois fois, en 2013, en 2015 et en 2016, le Lorrain a préparé son départ en Syrie. Trois fois, il a reculé. «Par peur», confie-t-il. Incarcéré à Épinal, il est inscrit désormais sur le fichier national automatisé des auteurs d’infractions terroristes.
Kevin Grethen/RL