Elle ne supportait plus son manque d’implication et, lui, sa jalousie. Cela a mené Emiliano et Jennifer face aux juges jeudi, pour des coups et blessures et des menaces.
Emiliano est un jeune homme au caractère affirmé. Son impulsivité ressortirait uniquement dans le cadre de sa relation avec Jennifer, la maman de ses deux enfants. Les jeunes gens se sont rencontrés en 2017. «Au début, on était bien», se souvient la jeune femme. «Au bout d’un an, il s’est mis à fumer du crack et ça a dégénéré.» Régulièrement, Jennifer, 28 ans, prévenait la police.
À la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, la jeune femme, confuse, a du mal à expliquer ce qu’il lui aurait fait subir. Emiliano est suspecté de coups et blessures et de menaces d’attentat contre sa compagne. La jeune femme dit «ne pas être une femme battue. Il fonctionnait avec de la violence psychologique.» Selon elle, il ne la frappait pas intentionnellement. Les coups lui échappaient. «Parfois, j’exagérais aussi», reconnaît-elle.
Le 13 mars 2021, Emiliano l’aurait violemment bousculée. Le 23 juillet, il l’aurait frappée avec un balai. Le lendemain soir, il l’aurait frappée au visage après une dispute en voiture dans la rue du Fort-Neipperg à Luxembourg. La jeune femme minimise les faits. «J’avais beaucoup bu, je ne me souviens plus de tout ce qui s’est passé», explique-t-elle. Elle l’aurait laissé en plan et aurait fini la soirée avec ses amies dans une discothèque eschoise. À 3 h du matin, elle aurait regagné leur domicile accompagnée par la police, qui a arrêté le prévenu.
Dans le véhicule des policiers, Emiliano aurait proféré des menaces verbales à l’encontre de Jennifer. Selon la police, il avait dit vouloir «casser la baraque», «préparer des cocktails Molotov», «se suicider», «la tuer». «Je n’en peux plus», aurait alors indiqué le prévenu. Ces menaces n’étaient pas sérieuses, affirme-t-il. Il serait d’ailleurs prêt à s’investir dans sa relation avec la jeune femme si elle réglait son problème de jalousie.
«C’est quelqu’un de gentil. Je l’aime encore», explique Jennifer, pas à une contradiction près. Interrogée par la présidente de la chambre sur les raisons de ses appels répétés à la police, s’il était si gentil, la jeune femme indique «j’avais peur parce qu’il devenait agressif». Agacée, la magistrate lui lance : «Je commence à douter de votre témoignage et à me demander si, dans les grandes lignes, le prévenu n’a pas raison.» Plus sévère, elle ajoute : «Vous rendez-vous compte qu’en partie à cause de vos déclarations, il est en détention préventive depuis le mois de juillet ?»
Jennifer est cependant persuadée que ce séjour en prison ne peut lui faire que du bien. Elle lui aurait souvent demandé de soigner ses problèmes de toxicomanie et de s’investir davantage dans leur ménage. «Mes parents se droguaient. Il m’a fait de la peine, j’ai voulu l’aider», raconte-t-elle. Ce serait pour cette raison qu’elle ne l’a pas mis à la porte et aurait supporté ses absences. Le couple aurait basculé et ne se serait plus compris. «On se disputait pour tout et pour rien», affirme la jeune femme. «J’étais en train d’oublier la vie à cause d’une drogue qui ne sert à rien», admet le prévenu.
«Cette affaire, c’est du bidon !»
Il ne l’aurait jamais touchée violemment. «On lui fait payer les déplacements de la police», assure son avocat, Me Stroesser. «Cette affaire, c’est du bidon, à part les menaces.» Selon lui, Jennifer a prévenu la police uniquement pour montrer qui commandait dans le foyer. Poussé dans ses retranchements, le prévenu aurait explosé et proféré «des mots dont la teneur le dépassait». L’avocat demande l’acquittement complet du prévenu. «La victime, c’est lui !»
La représentante du parquet n’est pas de cet avis. Selon elle, le couple a eu une relation toxique et Jennifer est sous l’emprise d’Emiliano, selon un rapport du service d’aide aux victimes, ce qui pourrait expliquer ses approximations à la barre. Le jeune homme aurait par deux fois déjà été expulsé du domicile familial avant le 13 mars et n’aurait rien fait pour régler son problème d’impulsivité. Le couple aurait vécu dans un contexte de violence constante et le grand-père de Jennifer aurait été témoin d’un coup. La prévention de coups et blessures volontaires serait donnée.
Quant aux menaces, vu le contexte, elles ne seraient, selon la représentante du parquet, pas à prendre à la légère. «Leur relation est dangereuse et pourrait très bien mal se terminer», annonce-t-elle, requérant une peine de 9 mois de prison et une amende contre le prévenu. Elle ne s’est pas opposée à un sursis probatoire à condition qu’Emiliano se plie à un suivi psychosocial.
Le prononcé est fixé au 2 décembre.
Sophie Kieffer
On dirait 1 soap usa à la tv. Normal tribunal débordé avec conneries puériles