Un incendie impressionnant s’est déclaré lundi au centre d’Esch-sur-Alzette. Deux locataires racontent leur fuite.
L’incendie qui s’est déclaré rue des Champs, vers 13 h 30, a entraîné la mobilisation de 50 sapeurs-pompiers eschois.
Des lundis comme ça, on s’en passerait bien. Lundi, 13 h 15, rue des Champs à Esch-sur-Alzette. Un jeune homme rentre chez lui. «Je revenais de la commune, où j’avais été refaire des papiers», explique notre interlocuteur, rencontré plus tard après le drame. Il habite au premier étage d’un immeuble rose. Comme si de rien n’était, il pose ses affaires et s’apprête à passer une journée normale. Mais une «odeur de cramé» l’interpelle. Il ressort sur le palier «et là, ça m’a chauffé d’un coup au-dessus de la tête». C’est une évidence, il y a le feu au-dessus, juste sous les toits. «J’ai commencé à paniquer, j’ai voulu alerter le voisin d’en face avant de partir.»
Le voisin en question met du temps à réaliser. Il nous raconte la scène vue de l’intérieur. «J’étais dans ma chambre, j’ai entendu tout ce raffut», explique l’homme d’une quarantaine d’années, visiblement de repos lundi matin. «Quand j’ai ouvert la porte, ça m’a tout de suite piqué les yeux.» La fumée est âcre, noire, il n’y a pas de flammes, mais une accumulation de fumées de plastique brûlé. L’homme, encore choqué, poursuit son récit. «J’ai refermé la porte directement, je me suis dirigé vers les fenêtres de l’arrière-cour.»
Il hésite à sauter du premier étage…
La fumée sature sa vision. «J’ai ouvert la fenêtre arrière et je me suis dit : « allez, il faut que je saute ». J’ai vu les garages, je me suis dit que ça amortirait ma chute.» Mais au moment de passer à l’acte, notre Eschois juge que le risque est trop grand. À vue de nez, il est à plus de cinq mètres de sol. «Du coup j’ai changé d’avis. J’ai fait demi-tour et je suis sorti en courant par la porte principale.» Le pari était risqué, mais il y est arrivé! Après tout, le premier étage du petit immeuble est vite descendu. Mais quand même!
En sortant, l’individu retrouve son jeune voisin. Les échanges sont confus, les pompiers sont déjà à la manœuvre. L’un comme l’autre sont impressionnés de tomber sur autant de monde devant leur palier. Il y a des dizaines de pompiers, des cinquantaines de riverains inquiets. «C’est moi qui t’ai alerté», glisse le jeune homme à propos du bruit entendu. Le plus âgé semble perdu, comme tiré du lit. Il est d’ailleurs vêtu d’un jogging qui ressemble à un pyjama. «Mais c’est quoi qui a brûlé?», interroge-t-il. «Je pense que c’est parti d’au-dessous, sous le toit», constate le jeune homme. Des badauds filment l’incendie qui se poursuit avec leur portable.
Les pompiers eschois ont fait le boulot!
Les sapeurs-pompiers eschois ont déployé la grande échelle et maîtrisent désormais la situation comme des pros : ils sont une cinquantaine sur place, une armada rassurante, vu les paquets de fumée qui se dégagent dans tout le quartier. Le patron d’une entreprise située une rue plus bas raconte : «On a dû couper l’aération automatique tellement ça sentait à l’intérieur.»
On laisse l’habitant en jogging à ses émotions. La discussion se poursuit avec le jeune homme. Il se lamente sur tous les objets perdus, couverts de suie et d’eau à jamais. Notre interlocuteur vit depuis dix ans dans cet appartement. Ce ne sont pas tant les vêtements ou les meubles qu’il regrette déjà. «Il y avait tous mes diplômes dans l’appartement», glisse-t-il simplement. On comprend alors que cet habitant qui a dû traverser beaucoup de pays dans sa vie, va avoir du mal à justifier son CV maintenant.
Hubert Gamelon