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Septuagénaire séquestré à Differdange : 15 ans requis contre les prévenus


La Cité judiciaire à Luxembourg. (photo archives LQ)

Mercredi après-midi, le parquet a requis une lourde peine contre les deux prévenus poursuivis pour avoir ficelé et volé un septuagénaire chez lui à Differdange.

Dans la nuit du 16 au 17 juillet 2010, le septuagénaire était surpris en plein sommeil par trois individus dans sa maison à Differdange. L’opération s’était avérée extrêmement violente. Les agresseurs avaient menacé leur victime de mort avec un couteau, l’avaient ficelée et séquestrée.

Avant de s’enfuir avec 11  000  euros, des bijoux, un appareil photo, deux portables, les malfaiteurs avaient lacéré plusieurs matelas et même ouvert la trappe sous la baignoire.

Sur les lieux du crime, des empreintes digitales avaient été recueillies, mais elles n’avaient pu être attribuées à personne. C’est finalement les retraçages téléphoniques qui ont permis de faire avancer l’enquête et ont mené les enquêteurs vers les deux prévenus Mário V. (46  ans) et Jorge D. (36  ans) qui comparaissent depuis mardi devant la chambre criminelle. Quelques minutes après les faits, les auteurs avaient utilisé l’un des portables volés pour appeler deux fois un numéro de portable chilien.

Mercredi, au deuxième jour du procès, c’était au tour des deux prévenus de s’expliquer à la barre. Depuis le début, ils contestent les faits qui leur sont reprochés. « Si j’étais coupable, je le reconnaîtrais. J’ai déjà été condamné en Espagne, en Suisse, au Chili », s’est défendu Jorge D. en précisant ne jamais avoir commis de vols avec violence. L’enquête avait révélé que le trentenaire avait passé la nuit du 15 au 16  juillet  2010 à l’auberge de jeunesse de Luxembourg.

Un fait que le prévenu ne conteste plus. Mais ce séjour aurait été de courte durée, car dès le 16  juillet il se serait rendu à Paris. En attesterait une photo prise devant la pyramide du Louvre. « Ce serait intéressant d’avoir cette photo », lui a répliqué la présidente de la 9 e  chambre criminelle, Elisabeth Capesius. Sa réponse  : « Je l’ai envoyée au Chili. »

Selon l’enquête, le deuxième prévenu, qui habite depuis les années 70 au Grand-Duché, a également passé la nuit à l’auberge de jeunesse la veille du crime. Mercredi à la barre, Mário V. a toutefois affirmé avoir seulement réservé une chambre pour une connaissance  : « Je n’ai jamais dormi là. » Le quadragénaire a indiqué avoir rempli la fiche d’hébergement avant de rentrer à la maison. « Cela fait beaucoup de coïncidences dans ce dossier », a enfin remarqué la présidente.

La défense des deux prévenus a plaidé l’acquittement. « Il n’y a pas grand-chose dans le dossier contre mon client », a soulevé l’avocat de Jorge D. Il a concédé que son client n’était pas un enfant de chœur –  il a déjà purgé sept ans de prison pour avoir été impliqué dans 23  vols par effraction en Suisse entre fin 2009 et 2010  –, mais le modus operandi à Differdange n’aurait pas été le même. L’avocat a, par ailleurs, critiqué le fait que le dossier repose essentiellement sur des retraçages téléphoniques  : « Il n’y a aucun élément matériel qui permet de conclure que mon client était à proximité des faits. »

«Pas assez fou pour aller agresser un voisin»

Sa consœur l’a rejoint sur l’absence de preuves tangibles. « Aucun des objets volés n’a été retrouvé en possession de mon mandant », a-t-elle noté avant d’indiquer que « Mário V. n’est pas assez fou pour aller agresser un voisin dans la commune où il réside. C’est abracadabrant. »

Au cours de son réquisitoire, le substitut principal, Robert Welter, n’était pas d’accord avec les conclusions de la défense, selon lesquelles toutes les pistes n’ont pas été exploitées. « Les personnes qui ont commis ces actes n’étaient pas cagoulées. Donc, ce n’était certainement pas des personnes que la victime connaissait. »

Pour le parquet, les éléments du dossier constituent « un faisceau d’indices ». En se basant sur l’analyse minutieuse des retraçages téléphoniques, Robert Welter a soulevé  : « Une personne qui a les mêmes contacts que Jorge D. était à Differdange à l’heure du crime. Je conclus qu’il a commis ce crime. » Quant à Mário V., « il était en contact direct avec Jorge D. car il a passé la nuit précédente avec lui dans la même chambre à l’auberge de jeunesse ».

Bref, pour le parquet, les deux prévenus sont deux des agresseurs qui ont séquestré et volé la victime de 75  ans. Le substitut principal a demandé de les condamner à une peine de réclusion de 15  ans. Prononcé le 22  juin.

Fabienne Armborst