Security Service Schmitt se serait cantonné au contrôle des entrées et à de la surveillance lors de la Fouer. Il lui est pourtant reproché d’avoir flirté avec l’illégalité.
L’entreprise Security Service Schmitt a-t-elle exercé des activités de gardiennage et de sécurité lors de l’édition 2016 de la Schueberfouer et de la fête de la Musique à Dudelange sans l’autorisation ministérielle nécessaire pour pouvoir exercer ce type d’activités ?
Ces activités sont régies par la loi de 2002 qui ne prévoit que la surveillance de biens mobiliers et immobiliers, la gestion de centres d’alarme, le transport de fonds ou de valeurs et la protection de personnes.
Security Service Schmitt aurait, dans les deux affaires, été engagé uniquement pour de la gestion de foule, de la surveillance et du contrôle d’accès. Deux autres entreprises agréées par le ministère de la Justice avaient été chargées des tâches encadrées par la loi.
Un enquêteur n’y croit pas. Il monte un dossier et apporte les deux affaires devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Hier matin, il a essentiellement été question du rôle joué par l’entreprise entre le 13 août et le 11 septembre 2016 à l’occasion de la Schueberfouer.
Selon Marc Weydert, ancien placier de la fête foraine, le rôle de l’entreprise était parfaitement planifié : dans un premier temps, contrôler l’accès des forains et des passants au Glacis lors des phases de montage et de démontage, puis surveiller le site pendant l’évènement, en répercutant les problèmes éventuels à la police.
Tout semble clair et rien ne contredit les affirmations de l’ancien Monsieur Schueberfouer de la Ville de Luxembourg. Car, comme l’a souligné le président de la 16e chambre correctionnelle aux deux enquêteurs, «aucun élément dans le dossier ne prouve le contraire. Il n’y a pas de faits matériels.»
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Et sans faits précis, «difficile d’instruire une affaire», s’est emporté le magistrat hier. «Je ne sais pas quels faits nous devons juger dans cette affaire.» Il reproche à un des policiers d’avoir manqué d’objectivité lors de l’enquête.
Pourtant, tenace, l’enquêteur a continué de dénoncer une zone grise dans la loi de 2002 qui laisserait la voie libre à des arnaques. Il a également laissé sous-entendre que la frontière est ténue entre contrôler les entrées et faire du gardiennage et entre patrouiller et assurer la sécurité du public.
Pour son collègue et pour lui, l’entreprise a effectué les mêmes missions que l’entreprise agréée présente sur les lieux au même moment.
«Leur tâche ne relevait pas du gardiennage», insistent Marc Weydert et René Lindenbaum, ancien directeur régional de la police grand-ducale. L’ancien ministre de la Justice, Félix Braz, l’avait lui-même confirmé lors d’une session de questions-réponses à la Chambre des députés.
Selon lui, la société G4S, disposant de l’agrément ministériel requis, s’occupait de la surveillance des biens pendant la nuit durant la phase de montage ainsi que pendant toute la durée de la Schueberfouer.
Une entreprise aurait disparu
L’affaire concernant l’édition 2019 de la fête de la Musique de Dudelange, dont est également saisie la chambre correctionnelle, serait un brin différente, selon son président. Les faits reprochés à Security Service Schmitt et à son ancien administrateur délégué, Konstantin Rohr, portent sur une période allant du 14 au 16 juin 2019. L’entreprise aurait été engagée pour effectuer le contrôle des entrées et une autre, agréée, aurait assuré la sécurité du site. Jusque-là, tout va bien.
Mais, le jour de la manifestation, le 15 juin 2019, cette deuxième entreprise n’aurait pas été présente sur les lieux. Comme pour la Schueberfouer, un employé de G4S, une entreprise de sécurité agréée, aurait prévenu l’enquêteur.
Selon un ancien employé de Security Service Schmitt, ses collègues et lui n’auraient pas outrepassé la mission de contrôle d’accès et de surveillance qui leur incombait ce soir-là. Des éléments d’enquête révèleraient le contraire, selon l’un des enquêteurs.
Les responsables de l’organisation de la fête de la Musique à Dudelange seront entendus à leur tour cet après-midi. Peut-être pourront-ils expliquer l’absence de l’entreprise disposant d’une autorisation ministérielle à exercer des activités de gardiennage et de sécurité sur les lieux du festival.
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