Accueil | Police-Justice | Réseau nigérian de Wasserbillig : « Tout leur argent provient de la drogue ! »

Réseau nigérian de Wasserbillig : « Tout leur argent provient de la drogue ! »


Le démantèlement du réseau trafiquant de Wasserbillig a conduit 21 personnes sur le banc des prévenus. (illustration Editpress)

Le procès en appel du réseau de stupéfiants nigérian de Wasserbillig touche à sa fin. Depuis lundi, la parole est au représentant du parquet général.

Ce sont de lourdes peines dont avaient écopé en première instance, en mars dernier, les 21 prévenus du réseau de stupéfiants nigérian de Wasserbillig. Le propriétaire du fameux «G33», Joseph E., ainsi que le présumé livreur de drogues, Henry P., avaient été condamnés à 15 ans de prison ferme et 10 000 euros d’amende. Bekky T., poursuivie pour avoir eu en main la gestion du «G33», où un grand nombre de revendeurs étaient hébergés pour 20 euros la nuit, avait pris neuf ans de prison, dont trois avec sursis, et 2 500 euros d’amende. Enfin, les 18 revendeurs de drogue avaient tous écopé de six ans de réclusion et d’une amende de 1 000 euros. Huit d’entre eux avaient pu bénéficier d’un sursis de deux ans.

Le représentant du parquet général n’a pas longtemps tourné autour du pot, lundi après-midi. Si la défense a tenté de démonter pendant de longues heures l’association de malfaiteurs, retenue par les premiers juges, le ministère public a vite donné sa position dans ce dossier : «Joseph E. a tout organisé. Et Bekky T. a sciemment participé à tout. Elle est à qualifier d’auteur, sinon de coauteur.»

«Des GSM, des cheveux, des bus et des camions»

Me Ahmed-Boudouda, qui a plaidé l’acquittement de Joseph E., a estimé que d’autres logeurs de dealers n’ont jamais été poursuivis. «Il n’y a pas d’affaire qui ressemble de près ou de loin à la nôtre», a répliqué le premier avocat général. Dans son réquisitoire, Serge Wagner s’est d’abord penché sur les 18 revendeurs. «Souvent, leurs avocats ont parlé de pauvres diables arrivant du Nigeria en Europe. Mais je constate que certains sont déjà impliqués dans des affaires de drogue depuis dix ans», a-t-il soulevé avant de passer en revue, un à un, les différents revendeurs. «La plupart ont tenté de justifier leurs ressources financières par la vente de GSM, de camions, de bus, de cheveux nigérians… ou je ne sais pas quoi. Je ne suis pas d’accord avec cela. Je peux vous prouver qu’ils ont vendu de la drogue et rien que de la drogue.»

Le parquet général estime que tout l’argent saisi lors de la perquisition, fin octobre 2015, provient d’activités illégales : «Si on additionne le loyer que chacun des revendeurs a payé au G33, leurs transferts à l’étranger et l’argent confisqué, on arrive à un montant souvent supérieur à celui que le parquet leur reprochait.»

Les histoires déballées à la barre par les différents prévenus ne se ressemblent guère. Entre celui qui dit avoir reçu 15 000 euros de son oncle au Nigeria pour lui acheter un bus en Europe et celui qui prétend avoir rempli ses poches en garant des voitures dans son quartier… Pour le ministère public, il n’y a qu’une seule conclusion possible : «Tout leur argent provient du trafic de drogue !». Voilà pourquoi il demande de confirmer le premier jugement en ce qui concerne les quantités et les périodes des infractions.

Le parquet général terminera mercredi après-midi son réquisitoire. Cette onzième audience débutera exceptionnellement à 14h15 pour arriver au bout des débats.

Fabienne Armborst