Accueil | Police-Justice | Proxénétisme dans un cabaret de Luxembourg : trois ans de prison pour les patrons

Proxénétisme dans un cabaret de Luxembourg : trois ans de prison pour les patrons


La fermeture définitive du King's Club a été prononcée jeudi. (photo Google Street View)

Cinq personnes étaient poursuivies pour avoir incité les danseuses à se prostituer dans leur cabaret rue de Strasbourg, à Luxembourg, jusqu’en 2012. Le patron du cabaret et sa femme écopent notamment de trois ans de prison chacun. La fermeture définitive de l’établissement a été prononcée.

« Il n’y a jamais eu de prostitution. On vendait du champagne, pas des filles », s’était défendue la gérante du cabaret à la barre. Le patron contestait également l’ensemble des infractions reprochées et affirmait ne « jamais avoir forcé quelqu’un à se prostituer» chez lui. Mais il était ressorti de l’enquête que le cabaret avait encaissé des sommes exorbitantes pour des bouteilles de champagne. Après avoir déboursé au minimum 300 euros pour une bouteille, le client avait le droit de se rendre dans un espace séparé avec une danseuse.

Des bouteilles de champagne surfacturées pour monter à l’étage

Lors de la perquisition menée au cabaret et au domicile des gérants au début de l’année 2012, les enquêteurs avaient confisqué plus de 111  000 euros en liquide dans un coffre. « Le dossier illustre le mécanisme classique de certains bars à champagne , avait récapitulé le représentant du parquet lors de son réquisitoire. C’est un processus bien huilé. Pour monter à l’étage, les clients doivent payer les bouteilles de champagne surfacturées. »

Les quatre hommes et la femme âgés de 29  à 58 ans poursuivis pour avoir incité les danseuses à se prostituer dans des espaces séparés de leur établissement en abusant de leur situation précaire, ont été condamnés jeudi matin par le tribunal correctionnel. Le patron du cabaret et sa femme écopent de trois ans de prison chacun, dont 18 mois avec sursis, et d’une amende de 20 000 euros. Deux serveurs sont condamnés à deux ans de prison, dont 12  mois avec sursis, et à une amende de 2 000 euros. Enfin, le cinquième homme, qui avait travaillé plusieurs mois seulement dans l’établissement, prend douze mois avec sursis intégral et une amende de 1500 euros.

Fermeture définitive du cabaret

Tous les cinq écopent en outre d’une interdiction de tenir, pendant une durée de cinq ans, un débit de boissons et de participer à l’exploitation d’un pareil établissement ou d’y être employé. Enfin, le tribunal a prononcé la fermeture définitive du King’s Club, situé rue de Strasbourg, à Luxembourg. Dans son réquisitoire, le représentant du parquet avait noté que la plupart des victimes venaient des pays de l’Est  : « Elles sont mises sous pression. Si le quota n’est pas atteint, elles sont menacées de licenciement. »

Outre la peine de prison et l’amende, trois prévenus ont été condamnés à verser un total de 3 250 euros de dommages et intérêts à la buvetière, qui avait porté plainte en 2011. « On m’a tabassée et rouée de coups », avait-elle notamment témoigné. Le quatrième, quant à lui, doit verser 810 euros de dommages et intérêts à une autre partie civile. Ce client du cabaret avait réclamé le remboursement de trois transactions avec sa carte bancaire pour lesquelles il n’avait pas donné son consentement.

Fabienne Armborst