Liviu ne comprend pas pourquoi il se trouve face aux juges. Malgré des éléments jugés probants, il se positionne en victime d’une ancienne compagne manipulatrice.
Interrogé à son tour mardi, Liviu a contredit les déclarations faites par Stéphanie vendredi dernier. «Pourquoi la victime raconte-t-elle une histoire différente?», l’interroge la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Je ne me l’explique pas. Je vous donne ma version, celle que j’ai vécue», répond le prévenu pour qui leur relation se serait bien passée.
Il parle d’équilibre entre eux, de jeux, de discussions, mais pense qu’il aurait dû mettre un terme à la relation quand la jeune femme a commencé à aller se plaindre à la police. «Je suis conscient que j’ai été naïf», estime-t-il.
«Elle a eu une double face avec moi, elle me faisait du chantage, encouragée par la police.» Stéphanie aurait, dit-il, voulu qu’il l’épouse le plus rapidement possible.
«Vous donnez des réponses qui n’en sont pas»
Le prévenu dit avoir été manipulé par son ancienne petite amie. Il élude les réponses, tourne autour du pot ou tente de faire diversion. Ce qui ne semble pas convaincre les juges. «Vous donnez des réponses qui n’en sont pas», l’accuse la présidente qui avance qu’il ne se serait pas fait de soucis, puisque ses deux précédentes compagnes seraient allées se plaindre à la police sans qu’il soit jamais inquiété.
Les faits qui lui sont reprochés sont inventés, prétend-il. Des jeux ou de bonnes intentions mal interprétés par la victime, des incidents de moindre gravité, des réactions exagérées de la victime, un complot… Le quadragénaire martèle : «La relation se passait vraiment bien.»
«Votre expérience ne correspond pas aux faits du dossier», lance la présidente qui lui demande quel serait l’intérêt de son ex-femme et de la victime de l’accabler. Le prévenu prétend n’y rien comprendre : il aurait toujours tout fait pour que ses relations fonctionnent.
«Nous avons les témoignages de quatre femmes qui rapportent des faits similaires. Vous ne trouvez pas cela bizarre que quatre femmes vous veuillent du mal? Cela peut arriver une fois, mais pas quatre fois!», poursuit la présidente pour tenter de faire réagir le prévenu.
«Il a aussi menti à l’expert psychiatre»
Le tribunal s’est montré d’une grande patience avec le prévenu qui n’est pas à une contre-vérité près, selon le procureur qui n’hésite pas à citer une kyrielle d’exemples. «Il ne ment pas qu’à police et au juge d’instruction, il a aussi menti à l’expert psychiatre», estime le magistrat.
«Le mensonge demande une certaine intelligence, car il faut se souvenir de ce qu’on a dit et à qui. Cela n’a pas fonctionné pour le prévenu dans ce dossier.» Il conclut que le prévenu ne serait pas crédible et que ses propos devront être pris avec précaution par le tribunal. Contrairement à Stéphanie dont la version ne varierait pas et serait confirmée par des éléments matériels.
Selon le parquetier, elle a «le comportement classique d’une victime de violences domestiques» qui met du temps à porter plainte, croit les excuses, espère qu’il va changer, se remet en question et «finit par vouloir se suicider pour sortir de cette spirale».
Idem pour les viols. Le parquet estime, après de longues explications, ne pouvoir se fier qu’aux déclarations de la victime.
«Qui manipule qui?»
Le procureur a retenu les coups et blessures volontaires, ainsi que la détention illégale et le viol avec les circonstances aggravantes de cohabitation. Face à l’absence totale de prise de conscience de Liviu, il a requis une peine de 7 ans de prison à son encontre.
Il a rappelé les propos de l’expert psychiatre qui a estimé qu’une thérapie était nécessaire, mais qu’elle serait vouée à l’échec étant donné l’absence de prise de conscience du prévenu.
L’avocat de Liviu s’interroge : «Qui manipule qui?» La jeune femme aurait «été tout sauf effrayée» et certainement pas sous emprise. Il a dénoncé une instruction à charge du dossier et un manque d’éléments convaincants pour condamner le prévenu.
L’avocat a rejeté tous les chefs d’inculpation et les circonstances aggravantes. Il n’y aurait notamment jamais eu de violences domestiques, mais un coup unique en guise de geste de défense. Les faits ne justifieraient pas une telle peine. Liviu ne serait pas coupable, donc n’aurait rien à se reprocher. Il a demandé l’application du sursis.
Le prononcé est fixé au 2 mars.