L’un des collègues du soldat mort en 2012 au dépôt du Waldhof a tenté d’expliquer, hier, pourquoi il ne déchargeait pas correctement son arme.
Au moment de l’accident meurtrier du 5 novembre 2012, trois soldats étaient de garde au dépôt de Waldhof (photo). (Photo : DR)
Après les enquêteurs, les experts et premiers témoins de l’armée, c’était hier au tour des soldats qui se trouvaient au Waldhof au moment de l’accident meurtrier du 5novembre 2012 de témoigner. Lors de cette quatrième journée du procès, il a une nouvelle fois été question des consignes de sécurité à observer lors du maniement des armes. L’ancien collègue de la victime a aussi été interrogé sur ses gestes précis avant le drame.
Ils étaient trois à faire la garde du dépôt de munitions du Waldhof le 5 novembre 2012. La victime Laurent T., le prévenu David B. ainsi que Damien L. Peu avant l’incident, Laurent T. et Damien L. avaient effectué ensemble le tour de ronde sur le site du camp militaire. L’actuel prévenu David B., quant à lui, occupait à cet instant le poste de garde à l’entrée du camp.
L’enquête a révélé qu’aucun des trois n’avait observé les consignes de sécurité lors du maniement de leurs armes respectives. Lorsqu’il a avoué que le tir provenait de son arme, le prévenu avait également concédé avoir enfreint quatre règles de sécurité.
Hier, c’était au tour de Damien L. de témoigner à la barre. Lui non plus n’enlevait pas son chargeur et ne déchargeait pas son arme dans le fût qui se trouvait à l’entrée de la guérite. Un maniement qu’il a expliqué hier avec les mots suivants : « J’ai fait comme tout le monde ».
Comment avait-il reposé son arme dans le râtelier au retour de son tour de ronde avec Laurent T. ? C’est ce que le président de la neuvième chambre correctionnelle, Prosper Klein, voulait aussi savoir hier. À la barre, Damien L. déclarait ainsi avoir déposé avant Laurent T. l’arme et son chargeur dans le râtelier. Pour rappel, le râtelier peut comporter jusqu’à quatre armes. La première n’ayant pas été utilisée, celle de Damien L. se retrouvait donc en deuxième position. Lors de ce geste il n’aurait toutefois pas aperçu David B. dans la guérite. C’est seulement quand ils avaient porté les premiers secours à la victime qu’il l’avait revu.
Prosper Klein avait toutefois du mal à croire qu’à ce moment il n’avait pas vu David B. « Cela ne peut pas être vrai », a-t-il répliqué au témoin tout en précisant que la largeur de la guérite ne dépassait guère trois mètres.
Le témoin n’avait pas non plus de réponse à la question de savoir qui avait placé l’arme retrouvée dans le fauteuil. Il s’agit de la deuxième arme (sans chargeur) que les enquêteurs ont retrouvée. Damien L. expliquait, hier, qu’après avoir déposé son arme dans le râtelier il était sorti fumer une cigarette.
> Vous étiez la troisième personne dans la pièce »
« C’est l’arme que vous aviez pour faire la ronde », lui a toutefois lancé Prosper Klein. « Il y avait trois personnes dans la pièce au moment du coup de feu, vous étiez le troisième ». Son idée se base sur le raisonnement suivant : dans sa déclaration, Damien L. explique avoir déposé son arme en deuxième position dans le râtelier. À l’arrivée des enquêteurs, il n’y avait plus d’arme à cette place.
La chambre criminelle a, par ailleurs, entendu hier le chef de garde présent au camp militaire du Waldhof au moment des faits. Ce dernier explique s’être rendu sur le lieu de l’incident après avoir entendu le coup de feu. Il aurait ensuite appelé les secours et donné la consigne à David B. et Damien L. de prodiguer les premiers secours à la victime. Quand il leur avait posé la question ce qui s’était passé, il n’avait pas reçu de réponse de leur part.
Également interrogé sur les consignes de sécurité à observer en cas de maniement d’armes, le chef de garde a confirmé que dans le camp du Waldhof, sauf état d’alerte, les soldats ne sont pas autorisés à chambrer leur arme. Toujours selon le témoin, c’est bien le chef de garde qui contrôle la munition. « Il n’existe pas de consignes selon lesquelles il faudrait sortir la munition du chargeur. Il faut qu’elle soit au complet », ajoute-t-il. Le chef de garde, entendu hier, était cependant le premier à déclarer à la barre qu’il contrôlait régulièrement l’intégrité de la munition.
Le procès se poursuit lundi avec les plaidoiries des avocats à la défense et le réquisitoire du parquet.
De notre journaliste Fabienne Armborst
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