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Procès du SREL : le prononcé reporté au 25 juin


Une supposée écoute d'un entretien entre le Grand-Duc et Jean-Claude Juncker se trouve à la base de cette affaire. Le dénouement judiciaire est reporté d'un mois. (Photo : archives editpress)

Les trois ex-agents du Service de renseignement de l’État (SREL), notamment accusés d’avoir mené une écoute illégale, devront encore patienter. La justice vient en effet d’annoncer que le prononcé des juges, fixé au 30 avril, sera reporté à fin juin.

Les explosives audiences du procès du SREL semblent déjà bien lointaines en cette période de crise sanitaire. L’affaire a été mise en délibéré le 12 mars après deux semaines de débat devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, présidée par Marc Thill.

Les faits reprochés à Marco Mille, ancien directeur du SREL, et aux deux ex-agents Frank Schneider et André Kemmer remontent à 2007. Pour le parquet, le trio a mené une écoute illégale sur le nébuleux homme d’affaires Loris Mariotto. Ce dernier avait informé l’agent Kemmer qu’un échange entre le Grand-Duc Henri et l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker, portant sur l’affaire Bommeleeër, avait été enregistré. Un CD crypté a été remis au SREL. Ce dernier s’est cependant avéré être vide. Treize ans après les faits, un important flou persiste.

Juncker entendu comme témoin

Cet épisode se trouve à la base de l’affaire du SREL qui a finalement mené, en juillet 2013, à la chute politique de Jean-Claude Juncker. Marco Mille avait dans la foulée de l’écoute sur Loris Mariotto sollicité un débriefing avec l’ancien ministre d’État. Cet entretien a été enregistré à l’aide d’une montre-bracelet. L’audition de Jean-Claude Juncker comme témoin a constitué un des moments clés du procès.

Lors de son réquisitoire, le représentant du parquet Jean-Jacques Dolar avait résumé sa vision des faits. «Une soi-disant écoute du Premier ministre» avec le Grand-Duc se serait soldée par une «autre écoute sur le Premier ministre». La chronologie de cette affaire indique en effet que le SREL est informé fin 2015 de la possible existence du CD comprenant l’enregistrement de l’entretien entre Jean-Claude Juncker et le souverain. Ce CD est remis fin janvier 2017 au Service de renseignement. «De concert», les trois prévenus auraient décidé de mettre sur écoute le fournisseur de ce CD «non pas crypté, mais manipulé», le tout «sans autorisation» du Premier ministre, qui le 31 janvier 2007 est mis à son insu sur écoute par Marco Mille. En juillet 2013, Jean-Claude Juncker est contraint de démissionner en raison d’un ensemble de dysfonctionnements au SREL.

L’amende maximale fixée à 125 000 euros

Il a finalement demandé aux juges de se limiter à prononcer une amende contre les trois prévenus, sans prononcer de peine de prison à l’égard des trois prévenus. L’amende maximale est fixée à 125 000 euros.

La défense demande l’acquittement des trois ex-agents. D’un point de vue juridique, l’acquittement est la seule conclusion logique», clamait le 12 mars Me Laurent Ries, l’avocat de Frank Schneider. «Cette affaire est un montage délibéré», complétait Me Pol Urbany, conseil d’André Kemmer. Pour Me Laurent Niedner, défenseur de Marco Mille, «l’écoute a été autorisée et ordonnée par le Premier ministre».

La police judiciaire, Jean-Claude Juncker, le parquet, les prévenus et leurs avocats ont livré leur interprétation des choses en mars. Il revient désormais aux juges de retrouver d’ici fin juin le fil rouge qui fait tant défaut dans cette affaire.

David Marques