Mercredi, au 2e jour du procès visant un ancien patron de café de Niederkorn accusé de viols sur deux serveuses en 2010 et 2011, la chambre criminelle de Luxembourg a voulu savoir pourquoi le prévenu avait poursuivi ses avances, alors que son employée avait manifesté son désaccord.
L’homme âgé de 49 ans comparaît pour attouchements, séquestration et double viol en 2010 et 2011 sur deux serveuses. « J’ai toujours rejeté ses avances. » Dans son témoignage, la victime âgée aujourd’hui de 24 ans est revenue en détail sur le déroulement des faits reprochés au prévenu le 25 juillet 2010. Elle explique avoir été à l’époque à la recherche d’un travail pour améliorer sa situation financière. Elle avait commencé à travailler comme serveuse dans le café, situé rue de Longwy à Niederkorn.
Quand tous les clients avaient quitté l’enceinte, elle attendait d’être payée par son patron pour le travail qu’elle avait presté. Selon la victime, c’est alors qu’il a commencé par lui caresser les genoux avant d’essayer de toucher ses parties intimes. La victime explique s’être levée plusieurs fois du canapé et avoir réclamé son argent. Malgré ses maintes demandes d’arrêter, il aurait soulevé sa jupe et fini par la violer.
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« À un certain moment, il aurait fallu voir que l’argent était le cadet de vos souci s», a noté la présidente de la chambre criminelle, Sylvie Conter. « Je pensais toujours avoir le contrôle. Je voulais avoir l’argent et rentrer. » Selon la jeune femme, la scène aurait duré plus d’une demi-heure. « Pour lui, c’était clair que je ne voulais pas », a-t-elle précisé.
« L’ADN ne provient pas de mains baladeuses »
La deuxième série de faits reprochés au prévenu date de 2011 et concerne une jeune femme âgée aujourd’hui de 26 ans. En mars 2011, elle avait commencé à travailler dans le café du quadragénaire. En contrepartie, le patron mettait une chambre à sa disposition. Selon elle, le patron avait commencé à abuser sexuellement d’elle au mois d’avril. Et c’est au mois de juin qu’il l’aurait violée. La victime explique également qu’il arrivait qu’il l’enferme dans sa chambre.
Lors de son passage à la barre mercredi, le prévenu de 49 ans a contesté la plupart des abus sexuels qui lui sont reprochés. Mais il reconnaît que le 25 juillet 2010 la serveuse avait bien réclamé son argent et qu’elle avait repoussé ses attouchements. Il nie toute pénétration. « L’ADN retrouvé sur le prélèvement ne provient pourtant pas de mains baladeuses », l’a interpellé Sylvie Conter.
« Quand l’autre personne n’est pas d’accord, c’est un attouchement. Et c’est puni par le code pénal », a également martelé la présidente. Le quadragénaire a fini par déclarer qu’il ne l’avait pas fait « intentionnellement ».
«Je me suis trop laissé aller»
La chambre criminelle a ensuite essayé de se faire expliquer pourquoi il ne s’était pas arrêté quand la serveuse le lui avait demandé. Après avoir affirmé qu’il s’était « arrêté au bon moment », le quadragénaire a fini par dire : « C’est vrai que je me suis trop laissé aller. »
« Vous n’avez toujours pas répondu à la question. Pourquoi avez-vous continué? Pourquoi n’avez-vous pas respecté le refus? », a insisté la présidente.
En fin de compte, le prévenu a indiqué avoir perdu le contrôle. Une explication que la chambre criminelle a eue du mal à croire : « Vous avez perdu le contrôle vis-à-vis d’une personne qui manifeste son refus… »
Le prévenu conteste également le viol, la séquestration et les attouchements qui lui sont reprochés en 2011 : « Je n’ai rien fait pour abuser d’elle. C’est possible que j’ai touché ses fesses, mais sans avoir d’arrière-pensée. » Il prétend ne jamais avoir eu une quelconque relation sexuelle avec la serveuse qu’il logeait à l’époque dans une chambre au-dessus du café.
Le procès se poursuit ce jeudi après-midi avec les plaidoiries de la défense et le réquisitoire du parquet.
Fabienne Armborst