C’est ce que la chargée de direction du foyer scolaire a déclaré, jeudi au sixième jour du procès des éducatrices. Le témoin contredit ainsi d’autres dépositions.
Quelle était la situation du personnel au foyer scolaire Gellé à Bonnevoie ? C’est la question qui continue à dominer les débats du procès où comparaissent trois éducatrices poursuivies pour avoir ligoté des enfants en 2008 et 2009. Les trois prévenues âgées aujourd’hui de 32 à 34 ans travaillaient à l’époque comme éducatrices dans le foyer scolaire. Avec du ruban adhésif, elles avaient ligoté certains enfants prétendument trop agités.
Au sixième jour du procès, jeudi, l’échevine de la Ville de Luxembourg Viviane Loschetter, en charge entre décembre 2005 et septembre 2011 des écoles et des foyers scolaires, a répété qu’à sa connaissance la norme en termes d’effectifs du personnel avait toujours été respectée. Elle a aussi rappelé que c’est la Ville de Luxembourg qui avait informé le parquet que des enfants avaient été victimes d’actes de maltraitance.
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Du côté de la chargée de direction du foyer scolaire Gellé de l’époque, un autre son de cloche se fait toutefois entendre. «On n’avait pas assez de personnel. On a fait avec les moyens du bord. Les éducatrices avaient chacune 14 ou 15 enfants sous leur responsabilité, a expliqué le témoin, hier matin. Lorsque je demandais un remplaçant, on me disait toujours : « désolé, il n’y en a pas. » Parfois, j’avais l’impression qu’ils ne me prenaient pas au sérieux.» Le témoin a précisé avoir régulièrement donné un coup de main entre midi et 14 h. «C’est tout ce que je pouvais faire en tant que chargée de direction. Car il fallait également s’occuper du travail administratif.»
Selon le témoin, au moment des repas, une marmite d’eau bouillante contenant des bacs d’aluminium avec les repas se trouvait sur un chariot. Les enfants faisaient la queue avec leur assiette. Interrogé par le tribunal, le témoin a indiqué qu’il était possible de refermer le bac et de ne pas distribuer de repas tant que les enfants n’étaient pas tranquilles.
Suite du procès le 5 juillet
La chargée de direction de l’époque a encore ajouté que le foyer scolaire était particulier dans le sens où l’école Gellé accueillait tous les primo-arrivants : «Donc, chaque semaine, on recevait un nouvel enfant.»
Au cours de sa déposition, la chargée de direction de l’époque a également émis des doutes sur la manière dont les statistiques de la Ville de Luxembourg, selon lesquelles le foyer Gellé respectait la norme, étaient établies. Une déclaration qui a fait bondir les avocats à la défense des prévenues. Ces derniers ont demandé qu’on leur communique toutes les listes de présence des enfants dressées quotidiennement au foyer Gellé entre 2007 et 2009.
À un moment donné, la chargée de direction avait fini par apprendre la mesure d’entrave employée dans le foyer. «À l’époque, je n’ai pas reconnu la gravité des faits. Aujourd’hui, je le regrette», a-t-elle souligné, jeudi. Lorsque le tribunal lui a demandé si elle avait vu une éducatrice ligoter un enfant, elle a déclaré ne pas s’en souvenir, en précisant toutefois : «Je n’ai jamais dit à une éducatrice de ligoter un enfant.»
Le procès est loin d’être achevé. Car les trois prévenues n’ont pas encore été entendues à la barre. Trois audiences supplémentaires ont été fixées. Le procès se poursuivra donc le 5 juillet.
Fabienne Armborst