Trois hommes résidant aux Pays-Bas et jugés pour avoir chapeauté un important réseau de trafic d’héroïne, entre fin septembre 2017 et avril 2018, écopent en instance d’appel de 5 à 7 ans de prison, en partie assortis du sursis.
Durant de longues années, le «Golden Number» a approvisionné les toxicomanes au Luxembourg. Le numéro était très sollicité. Rien qu’entre juin et décembre 2017, 13 843 communications ont pu être retracées. Et pour cause : le fameux numéro aboutissait à une sorte de «centrale d’achats». Son opérateur, géolocalisé principalement aux Pays-Bas, recueillait appels et messages des clients. Ces derniers étaient ensuite informés du lieu et de l’horaire de la transaction. Pour communiquer et coordonner les livraisons des commandes avec les revendeurs de rue à son service au Luxembourg, un numéro néerlandais était utilisé.
L’enquête avait permis d’identifier 87 toxicomanes ayant profité de ce réseau. Et selon le calcul des enquêteurs, les quantités d’héroïne vendues entre fin septembre 2017 et le 25 avril 2018 – date de la dernière activité du «Golden Number» – se situaient entre 24 et 36 kg.
Condamnés en première instance pour avoir chapeauté cet important réseau de trafic d’héroïne, les trois hommes s’étaient défendus devant la Cour d’appel. Le premier, poursuivi pour avoir détenu le fameux «Golden Number», prétendait avoir découvert le Grand-Duché à Schrassig. Le deuxième déclarait être venu au Luxembourg uniquement pour «jouer au foot» et «faire la fête». Et le troisième disait avoir prêté sa Mastercard sans savoir qu’elle servirait à la logistique d’un trafic de drogue.
Alors que le parquet général demandait la confirmation des peines prononcées par la 12e chambre correctionnelle, la Cour d’appel a déclaré, mercredi après-midi, leurs appels «partiellement fondés». Tous trois bénéficient d’une réduction de peine d’un an. Ce qui signifie que Kevin S., considéré comme le «chef», qui donnait les ordres et était le détenteur du fameux numéro s’en sort avec 7 ans de prison, dont 4 avec sursis. En première instance, il avait pris huit ans de prison, dont 2 avec sursis.
La défense plaidait l’acquittement
«Il n’est pas celui pour lequel on l’a pris», avait martelé son avocat, Me Roby Schons, plaidant l’acquittement. «Le doute le plus léger doit profiter au prévenu.» «Il y a des indices graves démontrant que Kevin S. était bien le détenteur du “Golden Number“», avait, pour sa part, considéré la représentante du parquet général dans son réquisitoire. Elle constatait ainsi que le «Golden Number» avait été repéré 221 fois à 80 m du domicile de sa mère à Rotterdam et 557 fois à proximité de celui de sa copine.
Pour les deux autres prévenus, que le parquet général plaçait au deuxième étage de cette organisation pour s’être occupés de la logistique et de la surveillance des vendeurs de rue, la peine de prison passe de six à cinq ans. Ulrich B., poursuivi pour avoir été le «support organisationnel» en charge notamment de la réservation des chambres d’hôtel et de la location des véhicules servant à l’approvisionnement de la drogue avec sa Mastercard, bénéficie toujours d’un sursis de deux ans.
Les amendes de 5 000 et 3 000 euros confirmées
À cause d’une autre affaire de drogue remontant à 2014 inscrite à son casier judiciaire, un sursis n’était pas possible pour Ilman M. Le parquet général n’était pas du tout d’accord avec ses explications à la barre : «Ce n’est pas simplement un pauvre type qui met à disposition sa Mastercard sans savoir ce qu’il fait. Il apporte les moyens logistiques pour l’organisation!»
Dans son arrêt, la Cour d’appel a confirmé la circonstance aggravante que les prévenus ont agi au sein d’une association de malfaiteurs. Cette circonstance ajoutée à la gravité des infractions explique que davantage qu’un sursis partiel n’était pas possible, leur a expliqué la présidente à la lecture du prononcé. Les amendes prononcées par les premiers juges ont également été confirmées, c’est-à-dire 5 000 euros pour Kevin S. et 3 000 euros pour les deux autres. Les trois hommes se trouvent actuellement à Schrassig.
À la suite de l’enquête menée par le SREC Esch, sept hommes avaient atterri sur le banc des prévenus. Les quatre hommes condamnés pour avoir occupé le rôle de simples revendeurs n’avaient toutefois pas interjeté appel.
Fabienne Armborst