Dix-huit mois de prison avec sursis et une amende de 850 euros. C’est la peine que la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement a prononcée, jeudi matin, contre le prévenu de 44 ans poursuivi notamment pour avoir escroqué six personnes d’origine portugaise via des petites annonces entre septembre 2010 et mars 2012. Outre cette peine, il est placé sous le régime du sursis probatoire avec l’obligation d’indemniser trois parties civiles, soit 5 800 euros au total.
«Vous voulez travailler pour votre compte et vous ne savez pas par où commencer? (…) Nous avons tous les types d’autorisation.» Ce n’est qu’une des douze annonces que le quadragénaire portugais avait fait publier entre 2008 et 2011 dans l’hebdomadaire Contacto . À côté de ces annonces dans lesquelles il présentait ses services pour s’occuper de tous les documents utiles à une autorisation d’établissement, il proposait l’installation de cuisines avec du marbre du Portugal. «Vend et applique tout type de granit.»
« C’est le ministère des Classes moyennes qui nous a informés en septembre 2009 d’une annonce dans Contacto », avait expliqué l’enquêteur de la police judiciaire en charge du dossier à la barre. Lors de la perquisition du domicile du quadragénaire, les agents étaient tombés sur des « extraits de comptes bancaires retraçant divers virements suspects ». Les sommes escroquées s’élevant à plus de 10 000 euros au total.
L’enquête avait révélé que le quadragénaire avait toujours opéré d’après le même modus operandi face aux six victimes. Une fois qu’elles avaient versé leur acompte, elles n’entendaient plus jamais parler de lui. Et il changeait régulièrement de numéro de portable.
« Son intention était toujours la même : encaisser des sous sans rien faire et profiter de la naïveté des gens », avait résumé le premier substitut Gabriel Seixas dans son réquisitoire.
«On lui a fait confiance et viré 1 800 euros»
Plusieurs victimes avaient témoigné de leur mésaventure lors du procès. « Dans Contacto , nous avons lu son annonce concernant l’autorisation d’établissement », avait ainsi expliqué une femme dont le mari projetait d’ouvrir une société de toiture au Luxembourg. « Il nous a dit qu’il travaillait pour une organisation portugaise : l’Association nationale des petites et moyennes entreprises établie à Porto. On lui a fait confiance et viré 1 800 euros. » Ce n’étaient pas les seuls à s’être fait escroquer. Un autre couple n’avait jamais revu les 2 200 euros d’acompte qu’il avait versés pour l’installation de sa nouvelle cuisine qui devait coûter 5 000 euros.
À la barre, le quadragénaire, qui s’était présenté sans avocat, avait tenté de persuader les juges qu’il versait l’argent pour les autorisations d’établissement à une connaissance à Porto qui devait lui fournir les documents. Mais au final il n’avait jamais reçu de retour. Les escroqueries n’étaient pas la seule infraction reprochée au prévenu. Entre 2007 et fin 2009, il travaillait au noir sans autorisation, en tant que tailleur de pierre et marbrier. Selon l’enquête, durant cette période, il avait encaissé 15 396 euros.
Fabienne Armborst