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Policière tuée à Dippach : quatre ans de prison requis


Selon Me Lentz, l'avocat à la défense du prévenu, ce n'est pas parce que son client a tué la policière Yasmine Grisius en service qu'il doit être plus sévèrement puni. (Photo Fabrizio Pizzolante)

Outre la peine de prison, le parquet demande à ce que le trentenaire soit condamné à une interdiction de conduire de plus de 7 ans et à une amende.

Avant les réquisitions du parquet, c’était d’abord au tour du prévenu qui a fauché la policière le 5 juin dernier. Pendant près de 45minutes, le trentenaire poursuivi pour homicide involontaire a dû se soumettre aux questions du tribunal.

« Je ne me suis pas senti complètement ivre », affirme Pascal T. (36 ans). Ses souvenirs de l’accident survenu le 5 juin vers 1h30 ne vont pas beaucoup plus loin. Devant les juges, il a déclaré ne pas se rappeler avoir vu le bâton lumineux du policier, ni la voiture à l’arrêt. Il n’a pas pu livrer d’explication sur le fait que d’un coup il avait braqué à droite. «Cela a fait boum. L’airbag n’a pas explosé. Je pensais juste avoir touché quelque chose.» Voici comment, le prévenu décrit l’accident. Or lors de cette collision, il avait fauché la policière Yasmine Grisius en train de contrôler les papiers d’une automobiliste, route de Luxembourg à Dippach. Grièvement blessée, la mère de famille âgée de 39 ans avait succombé à ses blessures.

Au moment de l’accident, le trentenaire conduisait non seulement trop vite (60-61 km/h), mais il était également sous l’influence de l’alcool et du cannabis. Il était en récidive. Dans le passé, il s’était déjà fait arrêter à trois reprises en état d’ébriété. En 2014, il avait été condamné à un retrait de permis de 21 mois assorti d’un sursis intégral.

«Vous buvez, vous fumez du cannabis, vous roulez trop vite. À la fin, il y a une victime. Pourquoi avez-vous besoin de X fois jusqu’à ce que vous compreniez ?», a demandé, jeudi, la présidente de la 13e chambre correctionnelle, Sylvie Conter, à Pascal T. «C’est la plus grande erreur que je n’aie jamais faite», a-t-il répondu.

Lors de son passage à la barre, le trentenaire a promis plusieurs fois au tribunal de ne plus reprendre sa voiture. «Vous racontez qu’à partir de 2014 vous avez fait attention et que vous avez toujours pris un taxi quand vous aviez trop bu. Pourquoi le 5 juin ne l’avez-vous donc pas pris ?», l’a questionné Sylvier Conter. «Si seulement j’avais fait cela», a-t-il répondu. Comme la veille, le prévenu a indiqué être «terriblement désolé.»

L’avocat à sa défense, Me Marc Lentz, a soulevé que les faits et les reproches ne sont pas contestés. «Le fait que la policière soit décédée dans le cadre de son travail n’est toutefois pas une raison à ce que mon client soit plus sévèrement puni», a-t-il plaidé avant de demander que la peine prononcée reste en dessous de la peine maximale de 5 ans et qu’elle soit en partie assortie d’un sursis.

«Pas d’erreur de la part de Madame Grisius»

Dans son réquisitoire, le premier substitut, Guy Breistroff, a parlé de «faits très graves. Il était ivre, sous l’effet du cannabis et roulait trop vite». D’après le parquet, l’endroit pour le contrôle «était bien choisi», car la route était large et bien éclairée. «Il n’y a pas eu d’erreur de la part de Madame Grisius», a souligné le premier substitut. «Son collègue policier a fait des signes au conducteur avec le bâton lumineux. Le fait qu’il ne se soit pas arrêté est une infraction. Ensuite, il fonce dans la policière sans le réaliser. Et il s’arrête 97 mètres plus loin.»

Le premier substitut a également fait référence au grave accident du prévenu survenu en 2010. À l’époque, sa voiture s’était littéralement empalée dans les glissières d’acier au Kirchberg. «Qu’il ait survécu est incroyable. Malgré cela, il n’a rien appris.» Depuis, il souffre d’une invalidité à hauteur de 32%.

Le premier substitut a rappelé que la peine maximale encourue par le prévenu est de 5 ans. «La seule circonstance atténuante, c’est qu’il n’ait pas fait de délit de fuite», a-t-il retenu avant de requérir quatre ans de prison à l’encontre du prévenu. Il se rapporte à la prudence du tribunal pour ce qui concerne un éventuel sursis. Celui-ci ne devrait toutefois pas s’élever à plus de la moitié de la peine. Le parquet demande en outre une amende et une interdiction de conduire de plus de 7 ans, à savoir 14 mois pour l’alcool, 12 mois pour le cannabis et 5 ans pour l’homicide.

Me Pol Urbany, l’avocat des parties civiles, quant à lui, réclame 511 600 euros de dommages et intérêts pour les préjudices moral et matériel. Prononcé le 20 janvier.

Fabienne Armborst