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Policière tuée à Dippach : « Je suis terriblement désolé »


L'accident, le 5 juin, a eu lieu route de Luxembourg à Dippach. Le chauffard a percuté la policière qui se tenait à l'arrière de la voiture qu'elle contrôlait. (Photo archives police grand-ducale)

Le procès du trentenaire qui a fauché la policière Yasmine Grisius le 5 juin s’est ouvert, mercredi après-midi, devant le tribunal d’arrondissement.

C’est dans une salle d’audience remplie jusqu’à la dernière chaise par le public que le procès contre le conducteur qui a causé la mort de la policière s’est ouvert, mercredi après-midi. Le prévenu, Pascal T. (36 ans), à l’origine de l’accident, a franchi la salle d’audience en menottes. «Je suis terriblement désolé», a-t-il glissé avant même que la présidente de la 13e chambre correctionnelle, Sylvie Conter, ait fini de relever son identité.

Lors de cette première audience, c’était d’abord au tour des experts et témoins. Le médecin légiste chargé de l’autopsie a parlé de graves blessures aux jambes ainsi qu’à la tête. À l’hôpital, une heure et demie après les faits, la victime avait fait un arrêt cardiaque. Elle n’avait pas pu être réanimée.

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Le collègue de la policière décédée a témoigné, mercredi, qu’il avait vu arriver le conducteur responsable de l’accident : «Il était entre 60 et 61 km/h. Il ne tenait pas la route.» Le policier indique lui avoir fait signe avec son bâton lumineux. Il ne s’était toutefois pas arrêté. «D’un seul coup, il a braqué vers la droite, juste dans Yasmine», retient le policier. Lors de cette violente collision, sa collègue a été percutée et coincée entre les deux voitures. Le conducteur, quant à lui, s’est arrêté 100 mètres plus loin.

Le témoin indique qu’au moment de l’impact, Yasmine Grisius se tenait à l’arrière de la voiture, dont deux roues étaient garées sur le trottoir. «Elle contrôlait les papiers de la conductrice dans le coffre. Elle ne voyait pas ce qui se passait dans son dos.»

L’automobiliste contrôlée, qui se trouvait avec la policière derrière la voiture, n’a pas été touchée. Elle a témoigné, mercredi, avoir juste entendu «un gros boum». La policière était en train de lui expliquer qu’elle devrait dresser un procès-verbal pour son phare défectueux… «Au plein milieu de la phrase, cela a fait boum.» Quand la conductrice avait rouvert ses yeux, sa voiture n’était plus au même endroit et la policière était étendue au sol. «On ne pouvait pas ne pas voir le contrôle de police», a précisé le témoin sur demande de la défense. Les agents de police portaient, lors du contrôle, un gilet fluorescent de sécurité.

«Il dit s’être senti légèrement ivre»

L’agent de la police technique qui s’est rendu sur le lieu de l’accident n’a pas pu relever de traces de freinage. D’après l’enquête, Pascal T. roulait non seulement à une vitesse dangereuse selon les circonstances, mais au moment des faits, il était également sous l’influence de l’alcool et du cannabis. «Il avait encore un taux de 1,33 gramme d’alcool par litre de sang 1h45 après l’accident», a indiqué l’expert en toxicologie. Ce qui permet de penser qu’au moment de l’accident, son taux pouvait être de 1,6 gramme. Son taux de THC, quant à lui, s’élevait à 4,2 ng/ml, soit quatre fois plus haut que le taux légal. «C’est un taux relativement élevé, donc on peut partir du principe qu’il se trouvait sous l’influence du cannabis.»

Ce n’est que ce jeudi après-midi que le prévenu passera à la barre. Quelques éléments du déroulement de la journée du trentenaire ont néanmoins déjà filtré, mercredi, lors de l’audition de l’expert psychiatre. Ce dernier a rencontré le prévenu à Schrassig quelques jours après l’accident. Le trentenaire a confié au psychiatre avoir fumé du cannabis vers 12h et avoir bu dans la soirée plusieurs bières et du whisky. Son dernier verre de whisky, il l’avait pris vers minuit, avant de prendre le volant à 0h45. «Il dit s’être senti légèrement ivre. Il se rappelait avoir vu le bâton lumineux du policier, puis le choc.»

Depuis un accident, l’homme souffre d’une invalidité de 32%. Au médecin psychiatre, il a également expliqué «avoir consommé du cannabis soi-disant comme antidouleur». Deux à trois fois par semaine, il aurait pris un demi-gramme.

L’expert n’a constaté aucune maladie psychiatrique qui altère le discernement du prévenu. Selon lui, il est donc accessible à une sanction pénale.

Fabienne Armborst

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