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Poignardée au parking Bouillon : « Sept ans est une juste peine »


La victime avait été attaquée dans un ascenseur du parking Bouillon. Elle avait reçu trois coups de couteau. (Photo LQ Fabienne Armborst)

Le parquet général s’oppose à ce que le coauteur de l’attaque sur une femme au P&R Bouillon fin mars 2016 bénéficie d’une réduction de peine en appel. L’auteur des coups condamné en première instance à 12 ans de réclusion, dont 6 avec sursis, n’a pas interjeté appel.

« Je n’ai jamais pensé qu’il allait la poignarder avec le couteau.» Steve V. n’avait pas grand-chose à ajouter, hier après-midi, devant la Cour d’appel. «Plus que m’excuser, je ne peux pas. Maintenant, j’attends votre décision.» Voilà les derniers mots du jeune homme de 26 ans condamné en première instance à sept ans de réclusion ferme pour avoir été le coauteur d’un vol avec violences sur une femme au P&R Bouillon le 21 mars 2016.

Ce soir-là, vers 20h, la victime de 31 ans s’apprêtait, après son travail, à rejoindre sa voiture garée au 6e étage du parking, quand un individu s’était joint à elle dans l’ascenseur. Cet individu n’était autre que Christophe A., le jeune homme que Steve V. avait conduit.

La victime, pour laquelle il n’était pas question de lâcher son sac à main, avait reçu un premier coup de couteau dans le thorax. Un deuxième avait suivi dans l’épaule. Le troisième avait terminé dans la nuque. La lanière du sac à main avait fini par céder. Avec le butin, l’agresseur avait dévalé les escaliers pour rejoindre Steve V. qui l’attendait en bas dans la voiture. À l’époque, tous deux, sous l’emprise de l’alcool et de la cocaïne, auraient cherché à trouver de l’argent pour financer leur marchandise.

Des coups mortels «au millimètre près»

À la différence de Steve V., Christophe A., condamné à 12 ans de réclusion dont 6 ans avec sursis, n’a pas interjeté appel. Il a accepté le jugement de première instance. «Je payerai chaque centime», a-t-il assuré à la barre de la Cour d’appel lorsque la présidente a abordé le volet civil. Son avocat, Me Cédric Bellwald, a demandé la confirmation du jugement des premiers juges.

Si, en première instance, la demande d’indemnisation de la partie civile avait été déclarée fondée pour le montant de 18 400 euros et qu’elle s’était vu allouer une indemnité de procédure à hauteur de 1 000 euros, elle a en effet réclamé ce mardi par la voie de son avocat 25 000 euros. «Les coups portés étaient au millimètre près mortels. C’est un hasard que la victime soit encore en vie», a martelé MeGaston Vogel, qualifiant l’attaque d’ «extrêmement sournoise»: «Il l’a attaquée à l’arme blanche pour la séparer de son sac.» Depuis cette agression, la vie de sa cliente aurait changé: «La nuit, elle se réveille avec des sueurs froides. Elle a peur de sortir seule. Elle est dans une angoisse permanente.» Et d’insister: «Il appartient aux cours et aux tribunaux de sévir.»

Les deux prévenus, âgés de 26 ans, se trouvent en détention préventive depuis début novembre 2017, date à laquelle Christophe A. s’était spontanément manifesté à la police et avait reconnu les faits. Pour Steve V., difficile d’accepter toutefois qu’il doive rester plus longtemps à Schrassig que le coprévenu qui, lui, avait porté les coups de couteau. En raison de diverses condamnations, plus aucun aménagement de peine n’est envisageable, avaient retenu les premiers juges. Il n’empêche que pour Me Daniel Scheerer, «sept ans de réclusion alors que la tentative de meurtre n’a pas été retenue contre Steve V., c’est trop». Il demande à ce que la peine de prison ferme n’excède pas celle du coprévenu.

«Il a apporté l’aide nécessaire pour exécuter le vol. Il a conduit Christophe A. en voiture au P&R Bouillon. Il était conscient qu’il sortait du véhicule avec un couteau», a rétorqué la représentante du parquet général s’opposant à une réduction de peine. «Sept ans de réclusion est une juste peine. Il n’est pas un délinquant primaire. Le fait qu’il a déjà un casier judiciaire et qu’il ne peut donc plus bénéficier d’un sursis ne peut pas jouer en faveur d’une baisse de sa peine de prison.»

La Cour d’appel rendra son arrêt le 2 juillet.

Fabienne Armborst