Fin 2017 en pleine nuit, un piéton avait été renversé par une voiture sur la N2 entre le rond-point Irrgärtchen et celui de Sandweiler. Outre la peine de prison qui pourrait être assortie d’un sursis probatoire, le parquet demande une interdiction de conduire de 4 ans contre l’automobiliste qui ne s’est pas arrêté après l’accident.
L’automobiliste pouvait-il voir le piéton grièvement blessé qu’il venait de percuter au bord de la route de Remich (N2) entre le rond-point Irrgärtchen et celui de Sandweiler? La victime se trouvait-elle dans le champ de vision de son rétroviseur côté droit? D’après l’expert, cela ne peut pas être affirmé avec certitude.
Dans cette affaire, il y a toutefois une certitude, martèle la représentante du parquet : «Celle qu’après le choc, il n’est pas descendu de sa voiture.» Et pourtant, cela aurait été son obligation. «Quand il a regardé dans les rétros, il avait bien conscience d’avoir heurté quelque chose…»
Cette nuit du 14 au 15 décembre 2017, c’est un autre automobiliste qui avait appelé les secours à 1 h 53 en découvrant la victime au sol. Ce qui fait que pour le parquet il y a clairement eu délit de fuite et non-assistance à personne en danger de la part de l’homme au volant lors de l’accident. «Il n’est pas resté sur les lieux. Il est rentré chez lui. Et il ne s’est pas non plus manifesté immédiatement à la police dans les heures qui ont suivi», a récapitulé la parquetière dans son réquisitoire mercredi après-midi. Ce n’est qu’après l’appel à témoins dans la presse qu’il s’était rendu à la police.
À la barre mardi, le prévenu de 41 ans avait expliqué avoir poursuivi sa route après n’avoir «rien vu du tout» en regardant dans les rétroviseurs. «J’ai pensé avoir heurté un gibier», avait-il ajouté. «Il s’est baissé pour chercher sa cigarette électronique. Un moment d’inattention a causé deux tragédies. Celle de la victime et de sa famille, mais aussi celle de notre côté. Mon client est rongé par le repentir», a plaidé Me Philippe Penning.
L’ivresse prouvée par la vidéosurveillance?
L’avocat du prévenu demande la clémence du tribunal pour les coups et blessures involontaires. Les autres infractions, il les conteste. Impossible aussi, selon lui, de retenir la conduite sous l’emprise d’alcool. Les tests ayant été réalisés 21 h après le drame, on n’a trouvé aucune trace d’alcool. Mais pour le parquet, on peut s’appuyer sur les images de vidéosurveillance sur son lieu de travail où il monte les escaliers lors de la fête de Noël en se tenant à la rampe : «Il est environ 1 h 16. Il a un problème d’équilibre.» L’expertise toxicologique avait révélé un taux de THC. Or, vu le délai de détection, le parquet ne peut pas prouver qu’il a conduit sous l’influence de cannabis.
Contre le prévenu qui a une ancienne condamnation (2003) dans son casier en France, le parquet a finalement requis 15 mois de prison sans s’opposer à un sursis probatoire, une amende, une interdiction de conduire de 36 mois pour le délit de fuite et une de 12 mois pour l’alcool au volant. «Cette victime, je ne l’ai jamais vue. Même avec un pistolet sur la tempe, je ne dirai jamais que je l’ai vue. Cette affaire a aussi détruit ma vie», étaient les derniers mots du prévenu à la barre, mercredi.
La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 1er avril. La victime de 43 ans, «lourdement handicapée», et sa famille se sont constituées parties civiles par le biais de Me Bannasch. Au total, ils réclament près de 6 millions de dommages et intérêts.
F. A.