Le trentenaire voulait juste faire réparer son ordinateur… Or en découvrant ce qu’il contenait, les techniciens avaient décidé de prévenir les autorités.
Deux hommes poursuivis pour avoir téléchargé, détenu et consulté du matériel pédopornographique étaient convoqués mardi après-midi à la barre du tribunal correctionnel de Luxembourg. Le premier avait été démasqué alors qu’il avait apporté en réparation son ordinateur en panne. Les techniciens avaient dénoncé leur découverte. Lors de la perquisition en juillet 2015, les enquêteurs du service protection de la jeunesse de la police judiciaire avaient trouvé au moins 14 620 images et 85 films à caractère pédopornographique. « 98 % des filles représentées avaient entre 9 et 16 ans et posaient », remarque l’enquêteur.
Devant les enquêteurs, le trentenaire avait reconnu avoir téléchargé ce matériel pédopornographie. Ce n’est pas l’acte sexuel, mais l’innocence des filles qui l’aurait intéressé, avait-il expliqué. Dans le passé, il avait déjà installé une caméra aux toilettes chez lui. Son père l’avait vite découverte. L’expert psychiatre qui a examiné le prévenu constate qu’il est pédophile, mais estime que « sa culpabilité semble sincère ». « Je sais que j’ai fait quelque chose de mal. Je veux changer », a insisté le prévenu de 31 ans, mardi à la barre.
Son avocate a soulevé qu’il avait été très coopératif avec les autorités. Elle demande d’assortir la peine du sursis probatoire. Une demande que la représentante du parquet a suivie dans son réquisitoire. Elle a requis 16 mois de prison, mais ne s’oppose pas à ce que la peine soit assortie du sursis probatoire avec l’obligation d’un suivi psychiatrique pendant une durée de cinq ans. Enfin, elle a requis une amende et une interdiction d’exercer un travail impliquant un contact habituel avec des mineurs. Le trentenaire travaille actuellement dans un lycée.
Le deuxième prévenu, âgé de 48 ans, qui a défilé mardi après-midi à la barre du tribunal correctionnel, avait été dénoncé par l’exploitant d’un café internet, le 13 avril 2015. « Le client venait souvent. Il voulait toujours avoir l’ordinateur au fond de la pièce. Une autre cliente m’a dit qu’il consultait des sites douteux. »
«Il minimise ses penchants pédophiles»
Lors de son intervention, la police avait saisi une clé USB sur lui avec une série d’images pédopornographiques. À son domicile, les enquêteurs de la police judiciaire avaient détecté d’autres fichiers : 11 000 à caractère pornographique et au moins 99 à caractère pédopornographique. Le quadragénaire avait confié à l’expert psychiatre avoir regardé des scènes pornographiques pour réguler ses tensions internes.
« Il était d’office sur la défensive. Il a dit ne jamais avoir consulté des pages pédopornographiques », poursuit le spécialiste qui détecte une tendance pédophile du côté du prévenu.
À la barre mardi, ce dernier est resté sur sa ligne de défense : « Je n’ai pas cherché les images pédopornographiques de façon consciente. » Alors que son avocat parle d’un sous-produit de la pornographie qu’il recherchait activement, le parquet estime qu’il a fait sa sélection de façon ciblée. « Il minimise ses penchants. Pour son usage domestique, il a régulièrement renouvelé le contenu sur sa clé USB au café internet. »
Contre le quadragénaire, le parquet requiert 36 mois de prison assortis d’un sursis simple partiel. Il demande également une amende et une interdiction de travailler avec des enfants pendant une durée de dix ans. Actuellement, le prévenu assure des surveillances dans un lycée.
Le tribunal rendra son jugement dans ces deux affaires le 6 avril.
Fabienne Armborst