Trente mois d’emprisonnement ont été requis par le parquet de Luxembourg contre cet homme de 34 ans, qui vit aujourd’hui à Longwy, pour détention de matériel pédopornographique. Il avait déjà été condamné à sept mois de prison en France pour des faits similaires.
Les faits pour lesquels le prévenu âgé aujourd’hui de 34 ans comparaissait, vendredi, devant la chambre correctionnelle se sont déroulés entre la fin de l’année 2012 et l’année 2013 à Luxembourg ainsi qu’à Thionville.
Le parquet lui reproche ainsi d’avoir sciemment détenu et consulté, plus de 4 500 photographies et images ainsi que 1 387 films à caractère pornographique impliquant ou présentant des enfants mineurs, majoritairement des garçons âgés de moins de dix ans.
L’enquêteur de la police judiciaire section protection de la jeunesse, a expliqué, vendredi, que c’est Interpol Wiesbaden qui les avait informés qu’une adresse IP luxembourgeoise avait téléchargé en juillet 2013 un film dans lequel un enfant de six ans est violé. Au cours de l’enquête, il s’était avéré qu’il s’agissait de l’ordinateur du prévenu qui se trouvait dans son cabinet. Ce dernier exerce la profession de kiné. Lors de la perquisition, l’ordinateur était allumé et les enquêteurs avaient directement pu observer le téléchargement d’une vidéo sur une bourse d’échanges.
L’exploitation du matériel informatique saisi au Grand-Duché avait permis de détecter 768 photos pédopornographiques et 227 pornographiques. Sur les environ 4 000 films, 533 vidéos étaient pédopornographiques et 420 pornographiques. Pour l’enquêteur, « cela montre clairement son intérêt pour la pédopornographie ».
Quant au matériel retrouvé en France, il avait été copié pour l’essentiel sur des CD. « Un matériel extrême, avec des très petits enfants .» Voilà les mots employés pour décrire l’ensemble de ces documents.
Pour l’expert en neuropsychiatrie qui a examiné le prévenu, il est bien question de pédophilie, car pendant de nombreuses années, le trentenaire s’est intéressé à des garçons de moins de dix ans. « Ils ne pleurent pas, donc on peut croire qu’ils sont consentants », lui aurait également fait comprendre le prévenu lors l’examen. Toujours d’après l’expert, le prévenu présente « quelques critères pour une personne à risque, mais il ne constitue pas une réelle menace ».
Le prévenu de 34 ans, habitant actuellement Longwy, est en aveu pour avoir détenu et consulté des images. « Je n’ai jamais eu de mauvais gestes à l’égard d’enfants dont je me suis occupé », a-t-il affirmé, vendredi à la barre. Il explique sa rechute dans le cadre de la préparation de son premier procès en 2012 ainsi : « Quand j’ai préparé le procès, j’ai regardé des photos pour voir si cela m’excitait ou non afin de pouvoir répondre au juge. C’était très maladroit. »
«Il essaie de minimiser son rôle et ses faits»
Depuis 2006, l’homme est suivi par un psychiatre, mais en 2012 il ne l’aurait pas averti de sa rechute. « Par peur qu’il avertisse les autorités », a-t-il argumenté, vendredi, à la barre.
L’avocat à sa défense, Me Sam Ries, a demandé de ne pas retenir l’intention de diffuser des images représentant des mineurs : « Son intention était de bloquer le téléchargement par des tiers. » Me Ries a demandé que la peine soit assortie d’un sursis probatoire.
Or le parquet voit les choses différemment. « Il connaissait pertinemment le fonctionnement de la bourse d’échanges », a soulevé le substitut Manon Wies. Elle a l’impression que le prévenu « essaie de minimiser son rôle et ses faits. Je ne crois pas un seul mot de son explication. On ne télécharge pas plus de 4 000 images et 1 000 vidéos pour voir comment est sa réaction. »
Dans son réquisitoire, la représentante du parquet a par ailleurs souligné l’absence d’une excuse quelconque du prévenu. « Je pense que Monsieur est une personne dangereuse , a-t-elle conclu. Aucune faveur ne devrait lui être accordée .»
Trente mois d’emprisonnement et une amende ont finalement été requis contre le prévenu. Le 25 novembre, le tribunal rendra son jugement.
Fabienne Armborst