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Pédopornographie : « Il a récidivé »


(Photo : F.A)

Contre ce prévenu qui a consulté des photos de mineurs entre 2011 et 2014, le parquet a requis, hier matin, une peine d’emprisonnement de 18 mois.

Ce n’est pas la première fois que le prévenu, qui comparaissait hier matin pour avoir détenu du matériel pornographique impliquant des mineurs, se retrouve devant le tribunal. En 2009, il avait été condamné à neuf mois de prison avec sursis probatoire, afin qu’il suive un traitement.

Selon l’enquêteur de la police judiciaire, section de la protection de la jeunesse, le prévenu a consulté de façon régulière, entre juin 2011 et 2014, des photographies à caractère pédopornographique. C’est en août 2014 que Bee Secure avait informé la police qu’un serveur localisé au Grand-Duché contenait des photos avec matériel pornographique. Parmi les nombreuses photos, 35 concernaient des enfants âgés entre 8 et 12 ans.

L’enquête avait permis de révéler qu’une adresse IP luxembourgeoise avait cliqué sur cinq de ces photos. Or, lors de la perquisition, les enquêteurs n’avaient pu détecter aucune trace sur l’ordinateur du prévenu. Il s’était avéré qu’il les avait toutes effacées après les avoir regardées. Face aux agents de la police, il était directement passé aux aveux. Il avait, par ailleurs, indiqué suivre un traitement.

L’expert psychiatre a expliqué, hier, que le prévenu avait une préférence pour les enfants prépubères âgés entre 8 et 12 ans. Il n’aurait pas regardé les enfants comme individus, mais comme phénomènes : «Il s’est peu soucié de la manière dont ces photos ont été faites.» L’expert a fini par conclure que même s’il y a récidive, le prévenu n’était toutefois «pas quelqu’un à évaluer de particulièrement dangereux».

«Je suis terriblement désolé. J’ai été attrapé une deuxième fois», a déclaré hier le prévenu devant les juges. Interrogé sur le programme CCleaner installé sur son ordinateur, il a affirmé que le logiciel «était destiné en premier lieu à optimiser les fonctionnalités de son ordinateur. Je ne savais pas que ce programme était si performant.»

À noter que lors de la première condamnation en 2009, beaucoup de matériel avait été trouvé.

«Ce n’est pas une peccadille»

Me Philippe Penning, l’avocat à la défense du prévenu, a demandé que son mandant ne soit pas condamné à une peine de prison. Le parquet n’est toutefois pas d’accord avec une suspension du prononcé, des travaux d’intérêt général (TIG) ou une simple amende. «La pédopornographie n’est pas une peccadille au Grand-Duché», a ainsi indiqué le substitut du procureur d’État Michèle Feider, tout en remarquant que le tribunal qui avait jugé le prévenu en 2009 lui avait déjà accordé une chance.

«Le parquet ne peut pas faire passer le message que lorsqu’une personne se retrouve une deuxième fois devant le tribunal et qu’elle dit qu’elle est désolée, la peine sera moins lourde que la première fois», a-t-elle enchaîné. Pour le parquet, il est également possible que la présence du logiciel explique le fait que la police n’ait pas retrouvé davantage de photos lors de la perquisition.

Bien qu’actuellement suivi par deux docteurs, après sa première condamnation, le prévenu avait, à un moment donné, arrêté son traitement : «Il a récidivé. Il a regardé de plus en plus de photos», a résumé Michèle Feider. Le parquet requiert contre le prévenu 18 mois de prison, une amende ainsi que la confiscation des objets saisis. Le tribunal rendra son jugement le 4 novembre.

Fabienne Armborst