La trentenaire était poursuivie pour avoir poignardé à mort son père en février 2015. Jeudi, la chambre criminelle l’a déclarée pénalement irresponsable.
« C’est une affaire délicate, puisque madame est atteinte d’une maladie psychiatrique », avait retenu le substitut Manon Wies dans son réquisitoire. Les deux médecins, entendus par la chambre criminelle, étaient d’accord pour dire que la prévenue souffre de schizophrénie paranoïde et est atteinte du syndrome d’Asperger. Aucun des experts n’avait toutefois pu se prononcer sur l’état de la prévenue au moment des faits. «La seule certitude, c’est qu’elle présentait une grave altération de son discernement. Le point d’interrogation qui reste est : est-ce qu’il y a eu abolition de son discernement ?», avait récapitulé le substitut.
Le 27 février 2015, vers 1h30, la trentenaire avait abordé une patrouille de police au niveau du rond-point Gluck et informé les agents qu’elle venait de tuer son père à son domicile à Merl avec un couteau à la suite d’une dispute. Dans son sac, les policiers avaient retrouvé un couteau ensanglanté. À la barre de la chambre criminelle, la prévenue (36 ans), placée actuellement au Centre hospitalier neuro-psychiatrique (CHNP) à Ettelbruck, avait toutefois contesté être l’auteur des faits et émis l’hypothèse que son père avait pu se suicider.
«Je voulais être mise en prison»
La trentenaire avait tenté d’expliquer que le 27 février 2015 elle s’était «déclarée coupable» pour quelque chose qu’elle n’avait pas fait. Son explication : «Je voulais être mise en prison.» Comme motif, elle évoquait le fait d’avoir été harcelée de «manière inimaginable». «Je n’ai pas osé dire que j’étais harcelée. Car cela ressemblait à une dispute de cour d’école, expliquait-elle. Je voulais me retirer du monde.»
La victime avait été retrouvée étendue sur son lit avec plusieurs blessures au niveau du cou. Le rapport d’autopsie retient que l’octogénaire est décédé de quatre blessures. Le père a visiblement été poignardé en plein sommeil. Plusieurs indices faisaient affirmer cela à l’enquêteur de la police judiciaire. La victime avait déposé sa veste proprement à côté de son lit et, avant de se coucher, elle avait correctement pris ses médicaments que lui avait préparés son épouse. «On n’a pas l’impression que sur le lieu du crime il y a eu une dispute», avait-il conclu.
Le parquet avait fini par requérir 30 ans de réclusion contre la trentenaire pour le parricide. Il était toutefois d’accord pour que la jeune femme soit placée en psychiatrie.
Jeudi, la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement a finalement acquitté la prévenue de toutes les infractions. Dans son jugement, elle a retenu l’article 71 du code pénal. Elle a déclaré que la prévenue n’est pénalement pas responsable et ordonné son placement dans un établissement psychiatrique. «Si je veux aller en prison, je dois faire quoi ?», a demandé l’acquittée aux juges après avoir entendu son prononcé. La trentenaire a 40 jours pour faire appel.
Fabienne Armborst