Depuis mardi, le tribunal correctionnel se penche sur l’accident mortel survenu sur un chantier au Limpertsberg en avril 2016.
Le 11 avril 2016, un ouvrier de 39 ans avait trouvé la mort sur le chantier d’un immeuble en construction, rue de l’Avenir au Limpertsberg. Le drame est survenu lors du démantèlement d’un mur de soutènement. La victime venait de couper des poutrelles métalliques avec un chalumeau quand tout s’est effondré. Écrasé par le talus, le trentenaire était décédé des suites de ses blessures.
«C’est comme si on coupe la branche sur laquelle on se trouve», a illustré, mardi après-midi, le policier en charge de l’enquête à l’ouverture du procès. «On peut parler de chance qu’il n’y ait pas eu plus de morts.» Trois autres ouvriers s’affairaient en effet également au niveau de cette tranchée sur le chantier. «Lui il coupait les poutres, nous on enlevaitle matériel», témoigne l’un des collègues. Ils se trouvaient à l’écart quand ils ont «perçu le bruit». Ils n’avaient rien pu faire pour sauver le trentenaire.
Sur le banc des prévenus se retrouvent aujourd’hui le gérant (65 ans) et le chef de chantier (39 ans) de l’entreprise de construction pour laquelle travaillait la victime. Ce chauffeur-mécanicien de formation était un travailleur expérimenté en matière de soudure. Voilà pourquoi il avait été appelé à réaliser les travaux.
«C’était un professionnel dans la coupe», confirmera le patron à la barre. «Mais visiblement ce n’était pas un professionnel dans la statique des terrains», le reprendra le président de la 7e chambre correctionnelle. Les conclusions de l’expert technique mandaté à la suite de cet accident de travail sont sans équivoque. La méthode de démontage du mur de soutènement était dangereuse. «Vu les travaux d’étanchéité encore en cours, le démantèlement était tout simplement inapproprié.»
En enlevant les poutrelles de l’ouvrage, on aurait créé une situation instable. «C’est tombé comme un meccano», ajoutera le coexpert. Il n’hésitera pas non plus à parler d’une «méthode de cow-boy».
Fermeture du chantier pendant trois mois
À la barre, le chef d’entreprise, actif dans le bâtiment depuis l’âge de 15 ans, a exprimé ses regrets pour ce qui s’est passé. Lui-même n’était pas présent au moment du drame.
Visiblement ce n’était pas le seul problème sur le chantier. En raison d’autres dysfonctionnements, l’Inspection du travail et des mines (ITM) avait procédé à la fermeture du chantier pendant trois mois.
Suite des débats ce mercredi matin.
Fabienne Armborst