Une affaire de bagarre de rue a pris jeudi des allures de telenovela avec en son centre un triangle amoureux et une trame aussi trouble que le soir de novembre où les faits ont eu lieu.
«C’est elle qui a mijoté tout cela et mon frère est un pigeon. Elle est tout le temps en train de le manipuler», a affirmé Maria, la sœur du prévenu, lors de son témoignage haut en couleur à la barre de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Une semaine sur deux, ils étaient fâchés. Mais elle voulait absolument se marier parce qu’elle n’avait pas de papiers.»
Le portrait de Sandra dépeint jeudi par la sœur du prévenu est peu élogieux. Manipulatrice et menteuse, selon Maria, elle aurait harcelé le prévenu jusque sur son lieu de travail, aurait attendu devant sa porte, l’aurait menacé de représailles et lui aurait même demandé d’aller au Portugal pour tabasser son ancien mari et son ancien patron. «Elle m’a dit qu’elle allait lui pourrir la vie parce qu’il n’en voulait plus», a confirmé un ancien collègue de travail des deux protagonistes. «Si quelqu’un pourrit votre vie en permanence, c’est normal d’exploser à un moment donné.»
Il semblerait pourtant que Fernando ne se soit pas toujours conduit en gentleman. Amoureux d’une femme vivant au Portugal, le prévenu «se servait un peu de Sandra, vous savez, c’est un homme», a affirmé sa sœur. Il aurait également continué à avoir des relations sexuelles avec Sandra après leur rupture.
Fernando, 58 ans, est suspecté d’avoir battu José, le compagnon de son ancienne petite amie, le soir du 19 novembre 2017 à Niederkorn avec un manche à balai ou une barre de fer et de lui avoir porté des coups avec un objet pointu comme un pic à glace ou un pic de cordonnier. Des armes qui n’ont pas été retrouvées à ce jour. Le prévenu aurait perdu pied quand le couple lui aurait barré la route et l’aurait insulté. Les versions s’affrontent sur qui a porté le premier coup.
Selon un voisin que le prévenu avait dépassé peu avant en voiture, Fernando serait le premier sorti de voiture, aurait ouvert le coffre de sa voiture et en aurait sorti une barre pour frapper son opposant. Un autre voisin, alarmé par les cris, est sorti de chez lui et a désarmé Fernando, qui se serait saisi d’un autre bâton. «C’était une branche d’arbre de 8 centimètres de diamètre et d’une cinquantaine de centimètres de long. Il l’a récupéré et est parti en voiture à toute vitesse», s’est souvenu le jeune homme. Un troisième voisin a dit avoir vu le prévenu frapper la victime présumée avec ce qui ressemblait à un manche à balai.
Dépit amoureux
Aux termes de cette deuxième journée d’audience, la confusion règne toujours quant à ce qui a pu pousser Fernando et José à se battre, de même que sur les armes utilisées. Et ce n’est pas Sandra, l’ex-petite amie de Fernando et actuelle compagne de José, qui apportera de la clarté. Avec son témoignage, l’affaire prend des allures de telenovela. La jeune femme est-elle une femme éconduite défendue par son nouveau compagnon, une femme aimée par deux hommes qui se disputent ses faveurs ou une manipulatrice qui a amené deux hommes à se battre pour se venger du premier?
À la barre de la 9e chambre criminelle, cette petite brune rondelette trépigne, fait claquer ses talons, se prend la tête dans les mains, se contredit. Au fond de la salle d’audience, Maria commente ses réponses aux juges. Les corrige. Fernando reste impassible. Oui, elle aurait voulu le rendre jaloux en se présentant avec un autre homme et une bague de fiançailles factice, mais jamais elle n’aurait voulu «lui pourrir la vie». Elle aurait souhaité pouvoir s’installer avec Fernando et vivre une vraie vie de couple, mais lui n’aurait jamais entrepris de démarches en ce sens pendant les trois années qu’a duré leur relation.
Pressée de questions par l’avocat du prévenu, elle semble réaliser quatre ans après les faits n’avoir été «qu’un jouet» pour Fernando, qui aurait profité de sa disponibilité sexuelle. «Jusqu’à la bagarre, j’avais toujours encore l’espoir de pouvoir me remettre avec lui», lance-t-elle dans un premier temps avant de répondre, à une énième question de la présidente de la chambre, qu’elle aurait compris «être un jouet» bien avant cela et qu’elle ne se serait plus fait d’illusions.
Des propos difficiles à suivre. «Fernando était possessif. S’il ne pouvait pas m’avoir, alors personne ne pouvait», a-t-elle répondu au procureur qui lui avait demandé pourquoi, alors que Fernando avait rompu avec elle et n’avait jamais semblé très amoureux, il aurait pu être jaloux au point de frapper José. Fernando aurait suivi le couple et aurait menacé Sandra de «s’occuper de José». L’affaire suinte de dépit amoureux. Reste à déterminer lequel des deux anciens amants en souffre le plus.
L’affaire se poursuit lundi avec la fin du témoignage de Sandra ainsi que ceux de José et de Fernando.
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